Fabrice Leggeri, directeur exécutif de Frontex, l'organe de contrôle des frontières extérieures de l'Union européenne, a souligné mardi que l'agence aux missions et moyens renforcés qui va lui succéder devrait "rendre plus fort l'espace Schengen", mis à mal par la crise migratoire.
Le règlement transformant Frontex en Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes a été voté le 6 juillet par le Parlement européen, qui doit se prononcer sur la version finale de ce texte en septembre, avant son adoption par le Conseil de l'UE.
"Il s'agit de rendre plus fort l'espace Schengen", a souligné Fabrice Leggeri lors d'une conférence de presse à Paris.
Le budget de l'agence sera porté de 250 à 330 millions d'euros en 2017, et son personnel au siège - situé à Varsovie - de 350 à 1.000 employés à l'horizon 2020, a détaillé le directeur. Elle pourra mobiliser "en moins d'une semaine" une réserve de 1.500 agents d'intervention.
Frontex a comptabilisé "360.000 franchissements irréguliers de la frontière extérieure de l'Union européenne" depuis le début de l'année 2016, correspondant à environ 240.000 personnes, certains la franchissant deux fois, selon Fabrice Leggeri.
Une baisse a été constatée "depuis le printemps", à la faveur de l'accord entre l'UE et Ankara entré en vigueur le 20 mars, qui prévoit le retour en Turquie des migrants arrivés en Grèce depuis les côtes turques.
Le nombre d'arrivées en Italie, depuis la Libye principalement, reste en revanche très élevé, avec 750 nouveaux migrants en moyenne par jour.
En Italie, "il est très important d'ouvrir des +hotspots+ supplémentaires, c'est-à-dire des lieux d'accueil des migrants dans lesquels ils peuvent être auditionnés, enregistrés", a fait valoir Fabrice Leggeri. Frontex, née en 2004, y mène "l'opération la plus grosse" de son histoire, avec "plus de 650 garde-frontières et garde-côtes déployés", selon le responsable.
Le directeur s'est cependant inquiété de la mortalité en Méditerranée centrale. "Les trafiquants surchargent encore plus qu'avant les bateaux, qui sont dans un état très mauvais", a-t-il déploré.
Interrogé sur la perspective de créer une frontière extérieure infranchissable, il a répondu: "Croyez-vous qu'une Union européenne où il y a eu 360.000 entrées irrégulières
le début de l'année est une forteresse ?"
"En réalité nous contribuons à faire en sorte que l'on puisse avoir la véritable libre circulation dans l'espace Schengen", et pour cela "il faut qu'on ait des frontières extérieurs crédibles", a-t-il fait valoir.
"Bien entendu, les demandeurs d'asile ont le droit à un accès à l'Union européenne", mais "il faut qu'on puisse faire la distinction entre les personnes qui sont des vrais réfugiés et les personnes qui ne veulent pas respecter les règles de l'immigration", a ajouté le responsable.
12/07/2016
Source : AFP