Alors qu’il avait abandonné l’idée d’étudier à l’étranger après avoir tenté en vain d’intégrer une université en France, Yassine El Badoui, ira finalement au Japon sans trop le vouloir. Dans cette contrée lointaine et inconnue pour cet amoureux de la culture marocaine, plein de belles surprises l’attendront. Retour sur le parcours d’un natif de Mohammedia aujourd’hui bien intégré à sa vie japonaise.
A l’instar Hamza Louizi, Yassine El Badaoui a immigré au Japon il y a une douzaine d’années pour suivre des études supérieures. Mais celui qui est aujourd’hui le seul ingénieur marocain chez IBM Japan n’avait pas imaginé qu’il réussirait à s’établir dans un pays si lointain et inconnu à l'époque, d’autant plus que le projet ne l’avait pas vraiment emballé.
Quand un projet non prévu à la base se transforme en succès
Né à Mohammedia, Yassine passe une enfance tranquille entouré de ses parents et ses frères et sœurs. Après son baccalauréat en 2004, il tente en vain d’intégrer une université en France. Le jeune homme s’inscrit alors en classe préparatoire à Rabat, pour ensuite intégrer une grande école d’ingénierie du Royaume.
Quelques mois plus tard, un de ses camarades de classe vient le voir, tout excité. « Il venait de découvrir dans la presse une annonce de l’Ambassade du Japon au Maroc. Elle organisait un concours d’entrer dans les universités japonaises », se souvient-il. Seul hic, il reste quatre jours avant la date limite de dépôt des dossiers. Il faut donc se dépêcher, mais Yassine n’est pas intéressé, contrairement à son ami qui était premier au bac.
« Je voulais continuer mes études au Maroc », confie Yassine, avouant qu’il avait été un peu découragé après avoir échoué à poursuivre ses études en France. Mais son ami insiste tellement que le jeune bachelier finit par constituer, lui aussi, son dossier. Ils passent ensemble le concours et finalement Yassine est retenu contrairement à son ami. Les deux jeunes hommes en sont affectés, mais poursuivent leur vie.
Une sociabilité qui paie
En avril 2005, le jeune étudiant pose ses valises à Tokyo. Première impression :« Ponctualité et discipline, deux caractéristiques par excellence du Japonais. J’en était ébloui ». La première année, Yassine la passe à l'école de la langue japonaise, un vrai challenge. « Il n’y a aucune similitude entre ma langue maternelle et le japonais, ni en grammaire, ni en vocabulaire », fait-il remarquer, soulignant que la langue a été sa plus grosse difficulté d’adaptation. Mais l’homme en rit aujourd’hui, car il s’exprime aussi bien qu’un japonais de souche.
Après cet épisode linguistique, Yassine intègre le Yuge National College of Maritime Technology où il étudie l’informatique. Trois ans plus tard, il rejoint l’University of Electro-Communications qu’il quittera quatre ans plus tard, avec en poche un Bachelor, puis un Master en Ingénierie des réseaux. Et contrairement aux réalités de certains jeunes diplômés dans les pays étrangers, Yassine n’aura pas de mal à trouver un emploi. Avant de rejoindre le géant IBM Japan, il fait ses preuves chez GOGA, Inc., CRI Middleware (concepteur de jeux d’ordinateur et vidéo) et Rakuten (qui détient le plus grand site de e-commerce du Japon).
Yassine -qui se décrit comme très sociable et enclin à faire de nouvelles connaissances- a une explication à son succès. « A l’école, j’intégrais toujours les clubs et je participais à des programmes annuels dans tout le Japon », explique l’ingénieur. D'ailleurs en 2007, son équipe a remporté la première place nationale.
La darija et la cuisine marocaine, au cœur de sa vie communautaire et familiale
Aujourd’hui, le rêve de Yassine est de devenir Chief Technology Officer et il travaille dur pour y parvenir un jour. A court terme toutefois, il compte s’investir davantage au sein du Club d’affaires marocain du Japon, une association de professionnels marocains dont il est chargé des activités communautaires. Celles-ci s’organisent essentiellement autour des rencontres festives à l’occasion des fêtes religieuses musulmanes, ainsi que l’Ashbal Al-Atlas School, une école de weekend où les enfants marocains apprennent la darija et la culture marocaine.
Et Yassine El Badaoui n’est pas seulement heureux au travail, ou en communauté, mais aussi en amour. Il est marié à une Sud-coréenne de confession musulmane. Ensemble, ils sont parents de deux enfants qu’ils élèvent en leur inculquant « les richesses de [s]es origines ». « J’apprends la darija à ma famille et ma femme fait de la cuisine marocaine chaque semaine », souligne le MRE qui ne passe pas trois ans sans retourner au Maroc.
16/7/2016, RISTEL TCHOUNAND
Source : yabiladi.com