samedi 23 novembre 2024 01:32

La détention des migrants rattrape le ministre canadien

Une vingtaine d'opposants de la politique canadienne actuelle en matière d'immigration ont préparé un comité d'accueil au ministre fédéral John McCallum de passage à Toronto, où il participait à une table ronde sur l'avenir des politiques migratoires.

Les manifestants ont dénoncé l'emprisonnement de réfugiés dans deux centres de détention ontariens, pour des périodes de temps indéterminées. Il y avait un total de 364 personnes détenues le 15 juillet 2016 en vertu de la loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Une cinquantaine d'entre eux mènent une grève de la faim depuis le 11 juillet.

Selon End Immigration Detention Network, un organisme qui milite en faveur de l'abolition de ces détentions, les grévistes veulent protester contre leurs conditions de détention, notamment le recours de plus en plus fréquent au confinement en cellule, voire à l'isolement.

Ils exigent de rencontrer le ministre de Sécurité publique Ralph Goodale pour lui présenter leur liste de demandes. Leurs sympathisants demandent au ministre McCallum d'intercéder en leur faveur.

Ce n'est pas une faute criminelle. Certains de ces gens veulent juste être ici pour trouver du travail, se construire une vie ici. Ils laissent leur pays pour plusieurs raisons.

Karen Cocq, End Immigration Detention Network

La politique actuelle, qui permet ce type d'incarcération préventive, vise les réfugiés qui refusent de révéler leur pays d'origine pour éviter d'être déportés, ceux qui pourraient prendre la fuite une fois relâchés, et les migrants qui représentent une menace à la sécurité du public.

En Ontario, ils sont détenus au Centre correctionnel à sécurité moyenne et maximale de Lindsay, et au Centre de détention de l'Est à Toronto.

En plus de leurs conditions de détention, les opposants qui manifestaient à l'arrivée du ministre McCallum déplorent le secret qui entoure leur incarcération. Selon Karen Cocq, plusieurs sont enfermés « 2, 3, 5 ans, et n'ont pas accès à des soins ou des médicaments ».

14 personnes détenues par les autorités canadiennes de l'immigration sont mortes depuis 2000, selon un rapport de la Faculté de droit de l'Université de Toronto. Ce même rapport souligne que des milliers de migrants sont emprisonnés chaque année : plus de 7000 en 2013.

Un problème sans solution

Le ministre de l'Immigration John McCallum a reconnu qu'un problème existe. Il ajoute par contre que ce n'est pas à lui, mais au ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, d'intervenir.

C'est au ministre Goodale d'initier et de faire des changements et je serai là pour l'appuyer.

John McCAllum, ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté

Invité à réagir, le Bureau du ministre Goodale a répondu par courriel à Radio-Canada que « l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a pris connaissance des circonstances et travaille étroitement avec les détenus afin de régler de façon rapide et sécuritaire la grève de la faim ». 

Bien que le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés classe le système canadien des réfugiés parmi l'un des meilleurs au monde, nous reconnaissons que nous pouvons et devons faire mieux. Scott Bardsley, cabinet du ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile

Toujours selon son porte-parole, le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, espère présenter des propositions au public plus tard cette année. 

19/7/2016, ALEX BOISSONNEAULT

Source : ici.radio-canada

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