La migration de jeunes diplômés d'Europe de l'Est vers l'Ouest risque de peser sur les économies des régions d'origine et freiner leurs efforts pour rattraper le niveau de vie de l'Occident, selon une étude du FMI publiée mercredi.
Après la chute du rideau de fer au début des années 1990, le quart de siècle suivant a été marqué par d'importants flux migratoires Est-Ouest ayant touché près de 20 millions de personnes, soit 5,5% de la population de l'Europe centrale et orientale.
Ces migrations ont touché davantage les pays du Sud-Est que les pays baltes et l'Europe centrale, indique ce document intitulé "Emigration et son impact économique sur l'Europe de l'Est". Il s'agit d'une synthèse de discussions d'experts du FMI mais qui n'exprime pas officiellement la position de l'institution.
"De nombreux migrants étaient bien éduqués et jeunes et leur exode a fortement aggravé des tendances démographiques déjà négatives dans le Sud-Est", indique le document. En plus, le phénomène semble permanent et les retours au pays d'origine sont relativement peu nombreux.
Les migrations économiques choisies profitent à la croissance générale de l'Union européenne, affirment les auteurs. L'arrivée de personnes jeunes et formées bénéficient aux pays d'accueil et par conséquent à toute l'UE.
Mais en même temps, poursuit le rapport, l'exode de travailleurs qualifiés apparaît avoir réduit, dans les pays d'émigration, la population active et la productivité, "affectant la croissance et ralentissant la convergence des revenus par habitant" dans l'Union européenne.
De tels effets sont particulièrement forts dans les pays du Sud-Est et les pays baltes. "Avec des différences des revenus et de qualité de vie encore importants entre les pays du Sud-Est et l'Ouest de l'Europe, les facteurs répulsifs et attractifs des migrations risquent de persister pendant un certain temps", estiment les auteurs du rapport.
"En l'absence d'une politique résolue et coordonnée, on risque de voir l'émigration et le ralentissement de la convergence de revenus se renforcer mutuellement", concluent-ils.
Selon des simulations, entre 2015 et 2030, si les tendances actuelles persistent, le manque à gagner de toute la région pourrait atteindre 9%¨du PIB.
Les experts du FMI conseillent aux pays d'émigration de renforcer leurs institutions et d'améliorer leur politique économique pour encourager leurs citoyens à rester chez eux et de favoriser l'investissement par rapport à la consommation.
20 juil 2016
Source : AFP