Six femmes et un homme représenteront le Maroc lors des épreuves de lutte, de judo, d’athlétisme et de canoë-kayak des Jeux olympiques de Rio de Janeiro à partir du 5 août prochain avec un point commun particulier. Ils sont tous Marocains résidant à l’étranger portant plusieurs nationalités.
Des MRE iront aussi à Rio de Janeiro pour défendre les couleurs du drapeau rouge frappé de l’étoile verte lors de la grand-messe olympique, à partir du 5 août. On retrouve ainsi six sportifs binationaux qui représenteront le Maroc. Il s’agit presque uniquement de femmes, mais parmi elles, s’est tout de même glissée une présence masculine : le Franco-marocain Chakir Ansari, lutteur au sein de l’Association sportive montferrandaise (ASM).
Chakir Ansari, 24 ans, a arraché sa qualification pour les Jeux olympiques en mai dernier au cours du tournoi de qualification d’Afrique-Océanie. C’est à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) que l’athlète pousse son premier cri, où sa famille s’est regroupée en 1990 à l'appel du fabricant français de pneus Michelin, d’après le quotidien régional la Montagne. Il se familiarise très tôt avec la lutte sur les bancs de l’école, sous la direction de Rodolphe Kreutzer.
Séduit par les qualités que la discipline exige - « le respect, la modestie, la rigueur, le dépassement de soi et la patience » -, il signe sa première licence à l’ASM en 1999. L’ascension du poulain va crescendo. Cinquante-sept kilos plus tard, il se qualifie en 2012 aux JO de Londres où il doit toutefois faire avec une sévère hernie discale. Qu’importe ; cette année, c’est pour le Brésil qu’il s’apprête à décoller : « Cette qualification est le fruit d'un long travail de la section (…). Ces Jeux olympiques ne seront pas que pour moi et le Maroc mais aussi pour toute la famille de l'ASM », a-t-il salué.
Ma fille, judoka tu seras
A ses côtés, les Franco-marocaines Asma Niang et Rizlen Zouak officieront quant à elles sur le tatami. La première, âgée de 33 ans, affiche au compteur seulement treize années de judo. Un profil qui détonne dans le sport de haut niveau, où les champions de demain chaussent souvent très jeune les crampons. Née à Casablanca d'un père sénégalais et d'une mère marocaine, c’est avant tout le handball et l’athlétisme qui remportent ses faveurs. « Ça ne me serait jamais venu à l'idée d'essayer. Je trouvais que ça puait des pieds dans la salle ! Et puis Yves Abdoune, le prof du club, me dit : Si tu continues, tu iras loin. Je le vois sûr de lui. Alors je continue », raconte-t-elle au Parisien.
Un avenir sportif tout tracé qui s’est également imposé à sa consœur Rizlen Zouak, native de Beaune (Bourgogne). Le décor est très vite planté pour cette judoka de 30 ans : grand-père boxeur, père amateur de football et oncles lutteurs. A l’âge de six ans, elle arpente déjà les terrains de terre battue en s’initiant au tennis. « En face, il y avait le judo. Je passais mon temps à les regarder faire, c’est ainsi que j’ai aimé. Et comme j’étais bagarreuse, mes parents m’ont mis au judo pour me canaliser », a-t-elle récemment confié à Yabiladi. Vingt ans plus tard, Rizlen Zouak veut tirer sa révérence sous les couleurs du drapeau marocain : « J'ai toujours dis à mon père que je finirai ma carrière avec le Maroc. J'étais en contact avec la fédération depuis très longtemps, mais j’attendais le bon moment. »
Jeunes pousses
L’équipe olympique du royaume, Fadwa Sidi Madane en rêve aussi. Licenciée à l’Athlétique club de Wambrechies (ACW), une commune du département du Nord où se rencontre la frontière franco-belge, la sportive de 22 ans fait ses premiers pas dans l’athlétisme en 2009. « Ses performances ont rapidement été impressionnantes », salue son entraîneur Kader-Sofiane Mis dans la Voix du Nord. « L’objectif de base, ce n’était pas du tout Pékin, mais de tout reprendre à zéro et être prêt en 2016, pour les Jeux olympiques », poursuit-il.
Un redémarrage qu’elle effectue principalement à Rabat grâce à des plans de séances que lui envoie régulièrement son coach. Les résultats ne se font pas attendre : en avril 2015, elle glane la médaille de bronze aux championnats panarabes d'athlétisme et, cerise sur le gâteau, parvient à décrocher le Graal : un billet d’avion pour les championnats du monde d'athlétisme à Pékin la même année.
Si certaines excellent dans la collection de trophées prestigieux, d’autres peuvent se targuer d’avoir porté sur le devant de la scène sportive marocaine des disciplines encore peu relayées. C’est le cas de la benjamine Hind Jamili, tout juste 16 ans, kayakiste franco-maroco-algérienne originaire de Oyonnax (Ain). Son ticket pour les JO de Rio, elle l’a décroché début novembre 2015 au Kenya lors des championnats d'Afrique de canoë-slalom. Au Brésil, Hind Jamili veut cependant y aller mollo : « Je suis consciente que le niveau sera très élevé aux JO. Je ne veux pas me fixer d’objectif pour cette première participation. Je n’ai que 16 ans, je vais donc y aller pour apprendre. Les objectifs de médaille, pourquoi pas aux prochains JO ? », avait-elle confié à Yabiladi en novembre dernier.
Dans la catégorie « jeunes pousses », Youssra Zakarani ferme le bal. La fleurettiste cadette du Masque de Fer de Lyon s’est qualifiée pour les Jeux en avril 2016, au cours du tournoi de qualification olympique du continent africain qui s’est tenu à Alger. En janvier 2012, la Croatie l’avait accueillie pour représenter la France aux Jeux de la Méditerranée, à Porec. Cette fois-ci, c’est au tour du géant sud-américain de lui dire « Marhaba ».
3/8/2016, Solène Paillard
Source : Yabiladi