Il aura fallu 6 ans depuis le début de la crise migratoire en Europe, pour que le gouvernement français commence à réformer sa politique. Ce n'est en effet qu'au début de cette semaine que les ministres de l'intérieur et du logement ont rendu publique la présentation d'une charte pour améliorer la prise en charge des migrants. Une charte qui concerne notamment leur hébergement dans "Des conditions dignes et adaptées à leurs situations et leur parcours", selon les mots de la charte.
Il y a un an déjà la loi relative à la réforme du droit d'asile prévoyait des délais plus courts quant à l'enregistrement des demandes d'asile auprès de l'office concerné.
Signe d'une volonté politique à faire face à l'afflux migratoire qui arrive en France. Signe tardif, signe fragilisé aussi par le contexte politique et sociale et sécuritaire en France. Où l'amalgame migrant=terroriste se fait entendre ces derniers temps dans une certaine parole politique et médiatique.
Dans ce même contexte, l'Allemagne dit vouloir maintenir le cap de sa politique migratoire. Ce pays qui prévoir d'accueillir 800 000 demandeurs d'asile cette année, quand la France mise sur 30 000.
Et pourtant la volonté politique, en matière d’accueil n'est pas la même partout en France. Certaines communes tentent de s'organiser, mais disent compter surtout sur la solidarité locale. Le symbole de la paralysie politique en matière de gestion des migrants c'est bien sûr Calais, mais certains élus et certaines associations s'accordent pour remettre en cause une politique migratoire, aux ambitions timides et dont les outils n'évoluent pas aussi vite que la situation, ni aussi vite que les annonces.
Alors en matière d'accueil des migrants, et des demandeurs d'asile, pourquoi la France n'y arrive-t-elle pas?
C'est notre sujet du jour.
Avec Virginie Guiraudon, directrice de recherche au CNRS. Auteure d'une thèse sur l’évolution des droits octroyés aux étrangers en France, en Allemagne et aux Pays-Bas depuis 1974, elle travaille sur la fabrique des politiques européennes, les mobilisations transnationales. Ses recherches portent également sur l’immigration, la citoyenneté et le droit comparé des étrangers. Elle a publié Les politiques d'immigration en Europe, Controlling a New Migration World (Routledge, 2001), Immigration Politics in Europe: The Politics of Control (Taylor and Francis, 2006), Politiques publiques (Presses de Sciences Po, 2008), The Sociology of European Union (Palgrave, 2010).
04.08.2016