Refoulés aux frontières suisse et française, des centaines de migrants se replient à Milan, capitale économique de l’Italie. La ville tente de trouver des solutions alternatives aux camps de fortune, ces campements de misère et désolation qui se multiplient dans les régions du nord de la péninsule.
On a tendance à penser que c’est en Sicile, où débarquent la majorité des migrants secourus en mer, que la situation est la plus complexe. En réalité, c’est dans le nord du pays que les autorités ont du mal à gérer les flux de d’hommes de femmes et enfants qui augmentent jour après jour.
La Lombardie est ainsi la région qui accueille le plus de demandeurs d’asile et réfugiés en Italie, soit 19. 365 personnes. Cela correspond à 13 % du total, contre 10 % en Sicile, 7 % dans la région de Rome et un petit 0,2% dans le Val D’Aoste. Des pourcentages qui illustrent l’absence d’harmonisation dans la répartition géographique.
Actuellement, à Milan, chef-lieu de la Lombardie, tous les centres d’accueil sont saturés. Les autorités locales doivent donc trouver des solutions pour quelque 330 000 Africains qui rêvent encore de rejoindre en train d’autres pays européens. Même si nombre d’entre eux sont à Milan parce qu’ils ont été refoulés à la frontière suisse.
Face à cette situation, deux politiques : d’un côté le gouverneur de la Lombardie, Roberto Maroni, de la Ligue du Nord, qui lui préconise « l’expulsion des illégaux ». De l’autre, le maire de Milan, Giuseppe Sala, issu du Parti démocrate, qui mise sur Rome pour l’aider à rétablir des conditions d'accueil décentes. Car certains migrants dorment à même le sol dans la rue, y compris des mineurs, non accompagnés.
Urgence humanitaire à Côme et Vintimille
Hier soir, la ministre de la Défense, Roberta Pinotti, a annoncé qu’une ancienne caserne militaire pourra être aménagée en centre d’accueil, dès les prochains jours. Par ailleurs, le maire espère pouvoir utiliser le camp de base qui a servi aux ouvriers pour l’Exposition universelle de 2015. Mais sur ce point aucune certitude, pour le moment.
Toujours en Lombardie, la ville de Côme, la plus proche de la frontière suisse doit affronter également une crise humanitaire. Depuis des semaines plus de 500 migrants originaires de la Corne d’Afrique bivouaquent dans un parc près de la gare. Le maire de Côme, qui dit se sentir « délaissé par le gouvernement », n’a pas encore trouvé de lieu pour héberger ces personnes. Là encore, il y a des enfants non accompagnés.
Et puis il ne faut pas oublier Vintimille, à la frontière française, où la situation reste très tendue. Il y a encore plus de 500 migrants dans le centre de la Croix Rouge. Mais depuis le début de la semaine, sur ordre du chef de la police Franco Gabrielli qui entend « décompresser la situation », des autocars sous escorte ont commencé à transporter, de nuit, des migrants - essentiellement des Soudanais refoulés par la France-, vers des centres d’identification et d’expulsion, dans le sud de l’Italie.
Bloqués en Italie, de plus en plus de migrants déposent leur demande d’asile dans ce pays. Près de 145. 000 depuis le début de l’année, contre 103.000 en 2015 et 66. 000 en 2014. L’Italie doit donc mieux se préparer, structurellement.
11 août 2016 , Anne Le Nir
Source : RFI