Le président du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, a appelé lundi à "éviter les logiques de tension" après la violente rixe samedi sur une plage de Sisco (Haute-Corse) entre des riverains et des familles d'origine maghrébine.
"Il ne peut pas y avoir une société fondée sur les rapports de force, le communautarisme, le rejet de l'autre, et cela vaut pour tout le monde", a dit l'élu nationaliste sur France Info.
Le maire socialiste de Sisco, Ange-Pierre Vivoni, a annoncé avoir pris un arrêté interdisant le "burkini" sur les plages de sa commune après les incidents, attribués à un différend sur le port de ce vêtement de bain pour femmes musulmanes.
"Ce n'est aucunement du racisme, c'est tout simplement pour assurer la sécurité des biens et des personnes et même au-delà de ma commune", a-t-il dit sur i TELE.
Ange-Pierre Vivoni a dit appuyer sa décision sur deux arrêtés similaires: celui de la mairie de Cannes, récemment validé par la justice, et celui de Villeneuve-Loubet, pris à la suite du premier.
Dimanche, le président de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni avait jugé "légitime" la réaction des habitants de Sisco tout en appelant "chacun à garder son sang froid après cet épisode qui a entraîné de très fortes tensions en Corse".
Il a également demandé sur France Info qu'on ne pratique pas "la politique du bouc-émissaire qui relève de l'infamie".
Une violente bagarre a éclaté entre des riverains et un groupe d'une dizaine de personnes étrangères à la commune, blessant cinq personnes et provoquant l'incendie de trois véhicules, selon le ministère de l'Intérieur.
L'intervention d'une centaine de policiers et de gendarmes a été nécessaire pour ramener le calme, de nombreux villageois s'étant précipités sur place.
Selon Le Monde, une première altercation avait opposé des pères de famille de confession musulmane à une personne non identifiée - un vacancier, selon les récits de personnes présentes sur place - accusée de prendre des clichés de femmes en burkini.
A la suite de cette rixe, plus de 300 personnes ont défilé dimanche après-midi dans les rues de Bastia aux cris de "on est chez nous", laissant craindre un risque d'escalade même si la manifestation s'est déroulée dans le calme.
Selon des manifestants, plusieurs hommes d'origine maghrébine sont arrivés après la première altercation, munis de hachettes, s'en prenant à un groupe de jeunes gens corses, âgés de 15 à 18 ans, qui étaient sur la plage.
Jean-Guy Talamoni estime que "la communauté de Sisco a été agressée" et a souhaité lui "témoigner (son) soutien".
Selon Gilles Simeoni, il y a déjà eu des "replis communautaires" ces dernières semaines et "la situation actuelle est complexe avec un pic de tension". "On ne peut pas confondre certaines personnes qui se comportent mal avec la quasi-totalité de la population maghrébine qui vit en Corse de façon apaisée et harmonieuse".
15/08/2016
Source : AFP