Le gouvernement de Nauru a rejeté mardi les accusations d'agressions et sévices à l'encontre de migrants refoulés par l'Australie et relégués sur cette île du Pacifique, affirmant qu'elles ont été "montées de toutes pièces".
La semaine dernière, le quotidien The Guardian Australia a publié les conclusions de plus de 2.000 rapports, rédigés entre 2013 et 2015, faisant état d'agressions, de sévices sexuels et de souffrances morales sur des migrants, dont des enfants.
Parmi les cas cités dans ces rapports signés par des membres du personnel du centre de détention de Nauru, où vivent près de 450 personnes, des gardes auraient menacé de mort un garçon et une jeune femme n'aurait été autorisée à prendre une douche plus longue qu'en échange de faveurs sexuelles.
"La plupart des accusations des réfugiés ou de leurs défenseurs ont été montées de toutes pièces pour parvenir à gagner l'Australie. Les soi-disant +rapports+ sont basés uniquement sur ces accusations", a réagi mardi le gouvernement de Nauru sur Twitter.
Dans un second tweet, le gouvernement de l'île a accusé le journal australien, les députés écologistes et les défenseurs de migrants "d'utiliser les réfugiés comme des pions pour leurs ambitions politiques. Très triste".
L'Australie essuie régulièrement les foudres d'organisations de défense des droits de l'Homme pour sa politique très dure envers les demandeurs d'asile.
Sa marine repousse systématiquement les bateaux de clandestins. Ceux qui parviennent à gagner ses côtes sont placés dans des camps de rétention au large, à Manus, en Papouasie Nouvelle-Guinée et à Nauru, minuscule Etat insulaire du Pacifique, ou sur l'île Christmas, dans l'océan Indien, le temps que leur demande d'asile soit instruite.
Le ministre de l'immigration australien Peter Dutton avait affirmé la semaine dernière que certains cas rapportés dans les rapports contenaient "de fausses accusations de sévices sexuels".
"Certaines personnes sont même allées jusqu'à l'automutilation et l'immolation afin de pouvoir rejoindre l'Australie, et sans aucun doute, certains ont fait de fausses déclarations", a-t-il ajouté.
La fuite de ces documents a suscité de nombreux appels à un examen approfondi de la situation à Nauru, où certains demandeurs d'asile vivent depuis trois ans, et où les défenseurs des droits de l'Homme et les journalistes ont rarement accès.
"Les preuves sont irréfutables et l'Australie va devoir mettre fin à ce châpitre honteux de son histoire et relocaliser ces réfugiés", a déclaré mardi la responsable de la recherche à Amnesty International, Anna Neistat.
Cette dernière s'est rendue, avec Michael Bochenek, conseiller juridique au sein de l'ONG Human Rights Watch, en juillet à Nauru pour y interroger secrètement plus de 84 réfugiés qui ont témoigné "d'abus, de traitement inhumain et de négligence".
En avril, un jeune réfugié iranien est décédé après s'être immolé à Nauru.
16/08/2016
Source : AFP