Le candidat à la primaire de la droite entend suspendre le regroupement familial. Son programme en matière d'immigration compte une similitude de plus avec celui du Front national.
Regroupement familial, droit du sol, Nicolas Sarkozy ne craint plus de s’attaquer aux symboles. Dans son livre, "Tout pour la France" dans lequel il annonce sa candidature à la présidentielle, l’ancien chef de l’Etat exprime son intention de "suspendre" le regroupement familial. Combien de temps ?
"Tant que la nouvelle politique d’immigration ne sera pas mise en œuvre au plan national comme européen", "même si cela doit durer plusieurs années" écrit-il.
Cette mesure a été instaurée en 1976 sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing : elle permet aux familles de procéder à des demandes de regroupement familial après 18 mois de présence en France (durée introduite en 2006), sous condition de présenter un travail stable avec des revenus supérieurs au Smic net et un logement acceptable par sa surface et ses conditions de vie.
En s’y attaquant, Nicolas Sarkozy muscle encore un peu plus son discours sur l’immigration. Existe-il encore des différences entre son programme et celui de Marine Le Pen ? "L'Obs" s’est penché sur la question en comparant les propositions du candidat de la droite au programme de la candidat d’extrême droite lors de la précédente présidentielle.
Depuis son retour, Sarkozy a beaucoup changé... d'avis
Sarkozy : remise en cause du droit du sol avec l’introduction de la notion de "présomption d’identité"
L'ancien chef d'Etat entend conserver cette mesure mais désormais sous condition. Il compte introduire la notion de "présomption de nationalité, permettant de ne pas attribuer la nationalité à quelqu’un qui aurait un casier judiciaire à sa majorité, ou dont on pourrait prouver que ses parents étaient en situation irrégulière au moment de la naissance".
Sur ce point Marine Le Pen est un peu plus ferme puisqu'elle entend supprimer purement et simplement le droit du sol.
Sarkozy : "Je propose que tant que notre nouvelle politique d’immigration ne sera pas mise en œuvre au plan national comme européen, le regroupement familial soit suspendu"
Pour réduire le nombre de titres de séjour délivrés, le Front national demande purement et simplement "l’arrêt du regroupement familial" comme on peut le lire sur son site. Le droit au regroupement familial fait également l'objet d'une directive européenne, il n'est aujourd'hui pas possible de l'abroger, sauf à sortir de l'Union européenne.
Sarkozy : "Nous devrons en outre supprimer l’aide médicale d’Etat"
En 2012, Nicolas Sarkozy refusait encore de toucher à ce dispositif, il disait même dans l’entre deux tours de la présidentielle :
"Je préfère le dire ici même si c’est impopulaire parce que c’est la vérité, je ne toucherai pas à l’aide médicale d’urgence".
A ce moment-là, Marine Le Pen formulait elle cette promesse :
"Les pompes aspirantes de l’immigration clandestine seront supprimées, telle que l’Aide médicale d’Etat".
Le candidat à la primaire Les Républicains l’a donc rejoint.
Sarkozy : "La condition de résidence pour devenir français est aujourd'hui de cinq ans. Comme c’est le cas dans plusieurs pays européens, le délai sera porté à 10 ans"
Si elle ne fixe pas précisément de durer, la candidate du Front national semble aller dans le même sens que Nicolas Sarkozy :
"La naturalisation se mérite et sera soumise à des conditions strictes de présence paisible et prolongée sur le territoire, en situation légale."
Dans son livre, Nicolas Sarkozy s'en prend à "l'identité heureuse" de Juppé
Sarkozy : "Nous devons réduire drastiquement le nombre d'immigrés" et "en ce qui concerne l'immigration économique, nous devons la stopper pendant le prochain quinquennat"
Nicolas Sarkozy n'avance pas de chiffres, il entend passer par le parlement chaque année pour fixer le nombre d'immigrés que la France entendra accueillir. Il ne précise pas non plus comment il défini un migrant économique d'un autre.
En 2012, Marine Le Pen promettait de réduire l'immigration légale de 200.000 entrée par an à 10.000. Plus récemment, le 29 août 2015, la présidente frontiste a exprimé son souhait d'"arrêter l’immigration légale et clandestine".
Sarkozy : "Un Schengen II qui réaffirmera le principe de la libre de circulation dans l’Union des ressortissants communautaires, mais pas des extra-communautaires" et "que les contrôles aux frontières soient maintenus jusqu’à la mise en place de Schengen II"
Régulièrement, Marine Le Pen demande la suspension de Schengen et le rétablissement des contrôles aux frontières, lesquels ont été mis en place à la suite des attentats du 13 novembre 2015.
Il reste bien encore quelques propositions FN auxquels Nicolas Sarkozy ne s'est pas encore rallié :
"La suppression, dans le droit français, de la possibilité de régulariser des clandestins."
La priorité nationale : "les entreprises se verront incitées à embaucher en priorité, à compétences égales, des personnes ayant la nationalité française" ainsi que l'élargissement de la liste "des professions réservées aux personnes ayant la nationalité française."
L’interdiction des manifestations de soutiens aux clandestins.
24 août 2016, Estelle Gross
Source : nouvelobs.com