L’odeur est insoutenable. Partout, tout le temps. Les moustiques, gros comme des mouches, envahissent le hangar et les tentes du camp de Frakaport dès la tombée du jour. « Ils nous dévorent, littéralement. Je ne sais pas comment vous décrire cela autrement », se désole Leïla, mère de trois jeunes enfants fiévreux aux jambes et aux avant-bras marqués de piqûres. Leïla est inquiète, car elle sait que le paludisme rôde.
Le centre grec de contrôle et de prévention des maladies vient d’interdire les dons du sang dans 12 communes de Grèce pour cause de paludisme, une infection qui avait pourtant disparu du pays il y a plus de 40 ans. Sans surprise, il s’agit des communes hébergeant les camps de réfugiés les plus sommaires. « Ici à Frakaport, ce n’est pas encore officiel, mais nous avons de très fortes suspicions autour de plusieurs cas de fièvre maligne », reconnaît une volontaire de la Société médicale syro-américaine, l’ONG chargée du suivi médical.
Le camp de Frakaport, un ancien entrepôt abandonné il y a plus de cinq ans par l’entreprise de logistique du même nom, est situé juste en face d’une usine d’épuration d’eau. A Sindos, à 15 kilomètres de Thessalonique, la principale métropole du nord de la Grèce, 564 réfugiés vivent dans cette atmosphère putride, cernés par des montagnes de déchets, des friches industrielles et des champs vaseux…Suite