Un tribunal administratif a refusé mardi de suspendre l'arrêté anti-burkini pris par le maire de Sisco, sur l'île française de Corse, au lendemain d'une rixe entre des Marocains et des villageois dans sa commune à la mi-août.
Après deux semaines d'intenses polémiques, la plus haute juridiction administrative française, le Conseil d'Etat, avait estimé fin août que ces tenues de bain intégrales ne pouvaient pas être interdites si elles ne causaient pas de troubles à l'ordre public.
Plusieurs villes du littoral méditerranéen, dont Nice et Cannes, qui avaient banni de leurs plages les tenues de bain "non respectueuses de la laïcité" malgré l'absence d'incident, ont donc dû lever l'interdiction.
Le cas du village corse de Sisco était un peu différent puisque le maire avait pris son arrêté après une violente bagarre qui avait fait des blessés et d'importants dégâts matériels. Cent gendarmes et policiers avaient été mobilisés pour ramener le calme.
Trois Marocains ont été reconnus par le parquet comme étant à l'origine des incidents avec des villageois de Sisco. L'origine de la bagarre reste obscure mais serait liée à la baignade d'une femme voilée.
Compte tenu de ces événements, "de leur retentissement et du fait que l'émotion n'est pas retombée, la présence sur une plage de Sisco d'une femme portant un costume de bain de la nature de ceux visés" serait "de nature à générer des risques avérés d'atteinte à l'ordre public qu'il appartient au maire de prévenir", a estimé mardi le tribunal administratif de Bastia, dans le nord de la Corse. Le juge a donc rejeté la requête de la Ligue des droits de l'homme demandant la suspension de cet arrêté.
"C'est un soulagement pour moi et ma population", a réagi auprès de l'AFP le maire de Sisco Ange-Pierre Vivoni. L'arrêté interdit "l'accès aux plages et la baignade à toute personne n'ayant pas une tenue correcte, respectueuse des bonnes moeurs et de la laïcité ainsi que le port de vêtements pendant la baignade ayant une connotation contraire à ces principes", une formulation très proche des autres arrêtés.
"Mon arrêté n'était pas de la prévention, je l'ai pris pour la sécurité des biens et personnes de ma commune, je risquais d'avoir des morts !", avait-il expliqué à l'AFP. "Je ne suis contre personne", a-t-il assuré, "tout le monde peut venir vivre à Sisco".
6 sept 2016
Source : AFP