Angela Merkel a répondu mercredi aux critiques sur sa politique d'accueil des migrants après l'échec électoral subi par son parti, la CDU, lors des élections régionales de dimanche dans son Land d'origine, le Mecklembourg-Poméranie occidentale.
Dans un discours combatif prononcé devant le Bundestag, la chancelière allemande a appelé les partis traditionnels à combattre la formation d'extrême droite Alternative für Deutschland (AfD), qui a réussi une remarquable percée lors de ce scrutin.
L'AfD, parti anti-immigration et eurosceptique, avait déjà engrangé plusieurs succès au mois de mars, notamment en Saxe-Anhalt, lors de régionales partielles.
"Nous devons tous comprendre que l'AfD est un défi non seulement pour les chrétiens-démocrates (de la CDU) mais également un défi pour tout le monde dans cette chambre", a lancé la chef du gouvernement.
L'AfD, qui a fait campagne sur l'afflux de plus d'un million de migrants en Allemagne en 2015, est arrivée en deuxième position derrière le SPD dans le Land de Mecklembourg-Poméranie occidentale.
La CDU est reléguée en troisième position dans cette région et se trouve pour la première fois devancée par l'organisation anti-immigration créée en février 2013 et désormais représentée dans les parlements locaux de neuf des 16 Länder.
Surfant sur les peurs des électeurs, l'AfD espère maintenant réussir un bon score lors de l'élection régionale qui aura lieu le 18 septembre dans la cité-Etat de Berlin, en attendant les législatives prévues l'an prochain.
Merkel, dont les conservateurs sont pour l'instant crédités d'un peu plus de 30% au niveau national contre 15% à l'AfD, devrait briguer un quatrième mandat de chancelière.
Malgré le revers électoral de dimanche, Angela Merkel a de nouveau voulu faire preuve de pédagogie devant les parlementaires.
"Nous avons derrière nous une année pleine de décisions pour réduire le nombre des migrants", a-t-elle affirmé, rappelant que son gouvernement avait pris des mesures afin d'aider financièrement les instances locales dans l'accueil des réfugiés. Elle a précisé qu'une loi sur l'intégration avait été adoptée accélérant les procédures de reconduite de migrants n'ayant pas obtenu l'asile politique et renforçant la sécurité.
"La situation est aujourd'hui bien meilleure qu'il y a un an. Mais il reste beaucoup à faire", a-t-elle jugé. "Le changement n'est pas une mauvaise chose. L'Allemagne restera l'Allemagne que nous aimons et chérissons".
"Je suis certaine que si nous disons la vérité nous regagnerons ce dont nous avons besoin, la confiance des gens", a-t-elle poursuivi, répondant indirectement aux critiques de ses alliés bavarois de la CSU lui reprochant de ne pas prendre en compte les craintes provoquées par la crise des migrants.
07/09/2016, Madeline Chambers et Michael Nienaber
Source : Reuters