Les dirigeants du sud de l'UE, dont le Français François Hollande et l'Italien Matteo Renzi, vont tenter vendredi à Athènes de dégager une plate-forme commune pour desserrer le carcan budgétaire européen et soulager la pression migratoire sur la zone, en vue du sommet de Bratislava.
Dans le grand débat européen ouvert par le Brexit, la rencontre vise à "favoriser une approche commune" de la part de pays dans "l'oeil du cyclone à la fois sur la crise des réfugiés, la crise sécuritaire, le terrorisme et la crise économique", a relevé le Premier ministre grec Alexis Tsipras, dans un entretien au Monde paru jeudi.
"La discussion sur le futur de l'Europe ne peut pas être confisquée par le groupe de Visegrad" (Hongrie, Pologne, Slovaquie et République tchèque), qui a fait bloc en vue du rendez-vous de Bratislava, le 16 septembre, a souligné ce dirigeant de gauche radicale, initiateur de la rencontre.
Le "sommet des pays méditerranéens de l'UE", qui doit se conclure après quatre heures de réunion par une conférence de presse commune, réunira aussi le Portugal, Malte et Chypre.
Seul dirigeant conservateur convié, avec le président chypriote, le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, a décliné l'invitation faute d'investiture. Mais il sera représenté par son secrétaire d'Etat aux Affaires européennes.
En matière migratoire, l'objectif est de promouvoir une réponse à l'afflux des réfugiés "qui ne fasse pas porter tout le poids" sur les pays en première ligne, et ne cède pas aux dérives xénophobes, relève pour l'AFP le ministre aux Affaires Européennes, Nikos Xydakis.
Les enjeux de sécurité, portés en particulier par Paris qui plaide pour une ferme maîtrise des flux migratoires, seront aussi à l'agenda.
Sur le plan économique, il s'agit selon M. Xydakis de remettre les pendules européennes à l'heure du "réalisme et de la flexibilité", alors que les déboires des économies du sud européen "montrent que quelque chose ne marche pas dans le pacte de stabilité, et l'architecture de l'euro".
Parmi les pistes à creuser, il cite des aménagements budgétaires excluant la prise en compte des investissements publics dans le calcul des déficits, ainsi qu'un effort renforcé contre le chômage des jeunes.
Mais pas question de remettre frontalement en cause le pacte de stabilité: "les rapports de force pour ceux qui s'opposent aux politiques néolibérales ne nous sont pas favorables", a reconnu M. Tsipras au Monde.
"Il n'y a pas de volonté d'aller à la confrontation avec l'Allemagne", qui est "favorable à une coordination des pays du Sud sur la migration mais pas à la formation d'un front anti-austérité", analyse Georges Pagoulatos, professeur d'Etudes européennes à la faculté économique d'Athènes.
Côté français, l'accent est ainsi surtout mis sur la relance des investissements, via le doublement du Plan Juncker.
M. Pagoulatos juge en tout cas la réunion "positive" pour le gouvernement grec, "qui voit son statut rehaussé au sein de l'UE et en Grèce", un an après avoir été menacé d'exclusion de la zone euro.
Le gain politique ne sera pas de trop pour Alexis Tsipras, de nouveau sous pression des créanciers européens et du FMI pour tenir ses engagements d'austérité et de libéralisation économique, et désormais largement distancé en interne par son opposition de droite dans les sondages.
Le sommet euro-méditerranéen s'inscrit d'ailleurs dans une offensive diplomatique grecque généralisée.
Samedi, les ministres des Affaires européennes du Parti socialiste européen sont ainsi conviés à Athènes par M. Xydakis, tandis qu'une rencontre organisée par le chef de la diplomatie Nikos Kotzias entre sept pays du sud-est de l'Europe et sept pays arabes doit se conclure vendredi à Rhodes.
9 sept 2016
Source : AFP