La bretelle d’autoroute qui mène aux terminaux du port, à l’est de la ville, longe le bidonville géant de Calais, qui compte aujourd’hui 10 000 migrants désireux de rejoindre l’Angleterre. Toutes les nuits, des groupes tentent leur chance en jetant des objets sur la rocade pour arrêter le trafic et s’introduire par le toit dans les remorques de camions, et ce malgré la présence de 1 800 policiers et CRS dans la ville.
Le mur qui longera la rocade, financé par les Anglais (2,7 millions d’euros), aura donc pour but d’empêcher les intrusions. C’est aussi une manière de répondre aux transporteurs excédés, qui ont organisé lundi des opérations escargot sur les routes de la région pour dire leur colère.
L’obstacle fera quatre mètres de haut sur un kilomètre de long. « Les travaux, qui toucheront à la circulation, vont avoir lieu entre septembre et décembre », a indiqué la direction interdépartementale des routes.
Comment les points de passages étaient-ils sécurisés jusqu’alors ?
D’autres aménagements ont été financés par la Grande-Bretagne ces dernières années pour éviter les intrusions de migrants. La construction d’une barrière et d’obstacles autour du site d’Eurotunnel, puis de la Gare de Calais Calais-Fréthun l’an dernier, a bloqué l’accès à l’Angleterre par le rail.
Les candidats à l’exil se sont tous reportés sur la voie maritime. En 2014, la Grande-Bretagne a alors dépensé 15 millions d’euros pour ériger une barrière autour du port, puis 170 000 € en juin dernier pour l’installation de nouvelles grilles en juin dernier. Début 2016, l’État français a de son côté fait évacuer le bidonville sur une bande de 100 m le long de la rocade, pour garder une distance de sécurité entre la rocade et le camp.
Comment vont réagir les migrants ?
Jusqu’à présent, les migrants ont toujours réagi aux divers travaux de sécurisation en ouvrant d’autres voies. La fermeture progressive de la frontière à Calais a aussi eu pour effet de déplacer ailleurs les tentatives de passage : au nord, à Grande-Synthe, et en Belgique, mais aussi au sud avec la constitution de petits camps autour de Cherbourg ou de Dieppe.
« Il est fort à parier que les passeurs feront monter les migrants en amont de Calais, dans l’arrière-pays, sur les aires d’autoroute », explique Didier Degrémont, président de la délégation du Pas-de-Calais du Secours catholique. Ce dernier s’inquiète surtout de la réaction des plus déterminés.
« Certains s’approchent déjà du comportement suicidaire au moment de passer », explique-t-il. Plus d’une quarantaine de candidats à l’exil ont perdu la vie dans la ville portuaire, pour la plupart en prenant des risques insensés. Le responsable associatif rappelle néanmoins qu’une minorité de migrants (environ 2000 sur les 10 000, selon lui) visent l’Angleterre : « Les autres sont perdus, ils ont échoué là parce qu’ils n’avaient nulle part où aller. »
09/09/2016, Jean-Baptiste François
Source : La Croix