La Belgique a appelé l'Union européenne (UE) à ne pas se servir de l'aide au développement pour imposer sa politique migratoire en Afrique, lors d'une rencontre informelle des ministres européens de la coopération au développement tenue lundi à Bruxelles.
"On ne peut pas utiliser les budgets de développement européens comme moyen de pression pour imposer une politique migratoire européenne en Afrique", a déclaré le ministre belge de la Coopération au développement, Alexander De Croo lors de cette réunion, cité dans un communiqué.
Le ministre belge a affirmé que la réduction des budgets de développement "n'est pas une solution structurelle face à la crise migratoire". "Au contraire, a-t-il poursuivi, la population est toujours la première victime et cela lui donne une raison supplémentaire de fuir".
Il a plaidé, à ce titre, pour l'adoption d'une nouvelle approche, préconisant la mise en place d'"incitants positifs" pour les pays qui collaborent à une migration humaine et maîtrisée.
"Cela fonctionne mieux qu'une approche punitive uniquement axée sur l'arrêt de l'aide", a-t-il estimé, suggérant de faire appel au Fonds fiduciaire d'urgence pour l'Afrique dont la Belgique est le deuxième bailleur.
Les Européens font, depuis quelques mois, pression sur l'Afrique pour qu'elle limite le flux de migrants vers l'UE. L'un des points les plus épineux abordés lors du sommet commun Afrique-Europe sur la migration tenu fin 2015 à la Valette a concerné les "retours et réadmissions" en Afrique des migrants irréguliers, que l'UE veut accélérer.
Amnesty international craint justement la multiplication d'accords bilatéraux discrets entre l'UE et certains pays africains. "L'UE cherche à externaliser son problème migratoire", avait déploré Iverna McGowan, une responsable de l'ONG.
Fin juin, les dirigeants de l'UE ont adopté un cadre de partenariat avec les pays tiers qui vise à faire pression sur 16 pays d'origine ou de transit afin qu'ils coopèrent avec les objectifs de l'UE d'endiguer l'immigration.
Ce cadre stipule que leur collaboration sera récompensée par diverses "mesures incitatives" comme une aide au développement et des accords commerciaux et souligne par la même occasion que des "mesures incitatives négatives" seront appliquées aux pays qui refuseraient de participer.
Ces "mesures négatives" ont suscité de nombreuses critiques de la part des défenseurs des droits de l'Homme et du droit d'asile qui craignent une interruption de l'aide et de certains accords commerciaux.
Quelque 124 organisations non gouvernementales (ONG) avaient réagi à cette annonce, publiant une déclaration commune condamnant cette proposition et demandant aux dirigeants de l'UE de la rejeter en faveur de stratégies à long terme de gestion des migrations et d'aide au développement.
L'ONG, Médecins sans frontières est allée jusqu'à refuser de fonds venus de l'UE ou de ses Etats membres, pour protester contre la politique migratoire européenne.
13/09/2016
Source : APS