Le ministre grec chargé de l'immigration, Yannis Mouzalas, plaide pour un "mécanisme européen de retour" permettant d'accélérer les renvois de migrants vers leurs pays d'origine, dans le quotidien Libération de lundi.
"Lors de la fermeture des frontières, plus de 59.000 migrants et réfugiés se sont retrouvés piégés en trois semaines" en Grèce, souligne Yannis Mouzalas, qui devait être reçu lundi par le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.
Rappelant que "seules 3.500" relocalisations de migrants éligibles à l'asile ont été réalisées sur les 30.000 promises par les autres pays européens, et que la Grèce gère aussi "les retours vers la Turquie, tout comme les renvois dans le pays d'origine", M. Mouzalas souligne combien "ce n'est pas une tâche facile pour un pays de la taille de la Grèce".
"C'est pourquoi nous proposons la création d'un mécanisme européen de renvoi permettant d'accélérer les procédures de renvoi, notamment avec les pays d'Asie centrale (Afghanistan, Pakistan...)", ajoute-t-il.
"La situation est très difficile" en Grèce, ajoute le ministre, qui demande "plus d'aide financière, de soutien technique et d'experts des services du Bureau européen d'appui en matière d'asile" car l'UE a promis 400 experts mais "nous n'en comptons que 19".
"L'UE doit élaborer des solutions communes" et les relocalisations "doivent être respectées", martèle-t-il.
Alors que l'Europe planche sur une réforme des accords de Dublin (prévoyant qu'un migrant doit demander l'asile dans le premier pays où il laisse ses empreintes), M. Mouzalas estime que les propositions sur la table "ne permettront pas d'affronter de nouvelles crises".
Il s'interroge notamment sur la notion de "partage" entre pays européens, qui n'interviendrait "que si les flux dépassent 150% des capacités de ce pays". "De quelle formule mathématique découle ce taux?", demande-t-il.
La proposition de la Commission "ferait de la Grèce le pays éternellement responsable des demandeurs d'asile" arrivés sur son sol, déplore M. Mouzalas, qui réagit avec "étonnement" à toute idée de renvoyer des migrants vers la Grèce -- ce que les pays européens ont arrêté de faire depuis 2011, faute de conditions d'enregistrement des demandes satisfaisantes.
12/09/2016
Source : AFP