Le président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), Pedro Agramunt a estimé, jeudi, qu'"aucun pays ne peut ériger un mur contre le terrorisme ou la crise économique".
Intervenant à l’ouverture de la Conférence européenne des Présidents de Parlement à Strasbourg, Pedro Agramunt a relevé que l'incertitude et le manque de confiance sont devenus une caractéristique commune en Europe, en raison des conséquences de la crise économique et des mesures d'austérité qui ont été mises en place pour y faire face.
Cette situation a conduit à un manque de confiance de l'électorat dans les forces politiques "traditionnelles", et cela a été à l'origine d'un soutien considérable vis-à-vis de nouveaux mouvements et partis, a-t-il poursuivi, indiquant que si certains de ces mouvements et partis sont le reflet d'un engagement civique authentique et de la volonté d'apporter un renouveau en politique, l'extrémisme et le populisme ont augmenté tant à droite qu'à gauche de l'échiquier politique et l'euroscepticisme a aussi pris de l'ampleur tandis que les attitudes nationalistes sont réapparues et se sont renforcées.
Evoquant la tentative de coup d’Etat en Turquie, il a souligné que cet épisode "nous rappelle que nous ne devons jamais prendre la démocratie pour acquise et que la meilleure défense contre les atteintes à la démocratie consiste à renforcer, et non pas à restreindre, la démocratie et le respect des droits de l’homme et de l’état de droit".
Abordant la vague d’attentats terroristes, il a estimé que "malgré le sentiment omniprésent de menace, la peur et la haine ne doivent pas régner en maîtres".
"Nous devons être fermes dans notre condamnation du terrorisme, et en même temps équilibrés dans nos réactions et dans le respect des droits de l'homme et de l'Etat de droit, qui ne sont pas négociables", a-t-il soutenu.
S’agissant de la question migratoire, il a relevé que l'unité de l'Europe a volé en éclats sur cette question, tout en soulignant qu’il ne s'agit pas là d'un phénomène nouveau pour le continent. "Malheureusement, nos efforts pour parvenir à ce que plusieurs générations d'immigrés aient le sentiment de faire partie intégrante de nos sociétés n'ont pas toujours été couronnés de succès", a-t-il souligné, en relevant que les minorités, les immigrés et les citoyens d'origine immigrée établis en Europe "ont souvent été particulièrement vulnérables à la stigmatisation, à la discrimination et à l'exclusion sociale" alors que "c'est l'acceptation de la diversité par la société qui constitue le rempart le plus fort contre le pouvoir de la propagande extrémiste", a-t-il dit.
Pour sa part, le Secrétaire général du Conseil, Thorbjorn Jagland a exhorté les parlements nationaux à faire échec au populisme qui ne cesse de monter en puissance dans toutes les sociétés européennes, se disant qu’il "est préoccupant de voir les tenants des courants politiques traditionnels imiter de plus en plus les extrêmes".
"Des idées qui pouvaient être jugées extrémistes il y a cinq ans sont maintenant considérées comme acceptables", a-t-il affirmé, en insistant sur le fait que "la voix de la raison doit absolument venir des parlements".
"Quand les débats deviennent hystériques, les parlements nationaux doivent être une source de débats rationnels, fondés sur des faits", a-t-il plaidé.
Cette rencontre au sommet des parlements européens est une conférence biennale, qui se tient en alternance à Strasbourg et dans la capitale d'un Etat membre du Conseil de l'Europe. Elle réunit les présidents de Parlement des 47 Etats membres du Conseil de l'Europe, et de nombreux pays partenaires, observateurs et voisins, ainsi que les Présidents d’autres Assemblées internationales. L’ordre du jour de cette édition porte notamment sur la crise migratoire, la promotion de la démocratie et la lutte contre le discours de la haine.
15/09/2016
Source : MAP