L'impact de la crise de l’eau et des changements climatiques sur la migration a été au centre d'une rencontre organisée samedi à Rabat, à l'initiative de l'Alliance marocaine pour l'eau, le Centre de droit comparé de l'environnement de Limoges et la Fondation Orient-Occident.
Placée sous le thème "Crise de l’eau, changements climatiques et migration", cette rencontre se veut une occasion pour examiner les effets de la crise de l'eau sur la migration, a déclaré à la MAP la présidente de l'Alliance marocaine pour l'eau, Houria Tazi Sadeq, ajoutant que "le déplacement des populations dû aux changements climatiques est l’un des défis majeurs" auxquels fait face l'humanité.
"En explorant les liens entre les migrations et les dégradations de l’environnement, l'eau apparaît comme un élément d'analyse structurel et déterminant permettant d'identifier les zones vulnérables à partir d'un diagnostic de cette denrée vitale", a-t-elle précisé, relevant que plusieurs rapports ont démontré que "lorsqu'il y a raréfaction de l'eau et désertification, les populations sont contraintes de se déplacer".
Ce phénomène risque d'être exacerbé par les changements climatiques, a mis en garde la présidente de l'Alliance marocaine pour l'eau, précisant que cette rencontre vise à engager une réflexion sur les liens entre l’eau, les changements climatiques et la migration en vue de mieux en cerner les interactions et contribuer à l'élaboration d'un cadre juridique adéquat et aux efforts déployés en vue d'atténuer les effets de la crise de l'eau et des changements climatiques sur la migration. Elle a dans ce sens souligné la nécessité d'inscrire la problématique de l'eau dans les agendas des COP, appelant la communauté internationale à accorder un statut aux "réfugiés climatiques".
S'exprimant à cette occasion, le président du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), Driss El Yazami, a, pour sa part, souligné l'importance de la gestion de la rareté de l'eau, estimant que la thématique de l'eau a été longtemps négligée par les spécialistes de la migration.
Abordant le cadre juridique en matière de migration, il a mis l'accent sur l'impératif d'approfondir le débat et les échanges à ce sujet afin que la question de la "migration climatique" soit réinsérée dans une "approche globale holistique sur les mobilités humaines".
De son côté, Saïd Mouline, directeur général de l'Agence nationale pour le développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique (ADEREE) et responsable du pôle partenariat public-privé au sein du comité de pilotage de la COP22, a mis en évidence les liens étroits entre l'eau et la migration, ajoutant que les changements climatiques ont un impact direct sur le continent africain, d'où la nécessité de "s'adapter à ce nouveau contexte et gérer l'eau avec plus de parcimonie". "L'eau est essentielle à la vie et constitue un secteur où nous devons développer des projets d'investissement", a insisté M. Mouline, appelant le secteur privé à saisir les opportunités d’investissement dans ce domaine. "Une bonne gestion de l'eau est de nature à prévenir la migration des populations", a-t-il dit.
Cette manifestation a été également rehaussée par la présence du ministre des Habous et des affaires islamiques, Ahmed Toufiq, qui a mis l'accent lors de son intervention sur l'importance de l'eau dans l'Islam et son impact sur les mouvements migratoires, citant notamment dans ce cadre l'histoire de la migration des prophètes Moïse et Sidna Mohammed.
Cette rencontre a été marquée par l'organisation d'une exposition photographique sous le signe "Migrants au Maroc: un autre regard!", du journaliste et reporter espagnol Jesus Blasco de Avallaneda, qui met en évidence un petit échantillon de la réalité du processus de migration Afrique-Europe où des milliers de jeunes hommes et femmes, des enfants et des malades quittent leurs maisons, leurs foyers et leurs terres pour tenter de "chercher un avenir meilleur et échapper à la pauvreté, la famine, le désespoir et la guerre".
17/09/2016
Source : MAP