La crise migratoire qui secoue l'Europe nourrit la rhétorique des formations populistes, principalement d'extrême droite et anti-Bruxelles, et dope leur audience, à l'image de l'AfD en Allemagne. Voici les principaux exemples:
- Allemagne: à un an des législatives, l'Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière Angela Merkel a subi dimanche un nouveau revers à Berlin face au mouvement anti-migrants et anti-islam Alternative pour l'Allemagne (AfD, lancé en 2013), qui entre au parlement local avec 14,2% des voix (17,6% pour la CDU).
L'AfD, déjà devant la CDU dans le nord-est deux semaines auparavant, sera ainsi présente dans dix parlements régionaux sur seize. Capitalisant sur l'inquiétude après l'arrivée de 1,1 million de réfugiés en 2015, elle pourrait entrer dans un an au Parlement fédéral, ce qui serait une première pour un parti de droite populiste depuis l'après-guerre en Allemagne.
- Autriche: le Parti de la liberté (FPÖ), l'un des partis d'extrême droite les mieux implantés en Europe, a échoué de peu à gagner la présidentielle le 22 mai, ce qui aurait été une première européenne. Les deux grands partis au pouvoir depuis 1945 avaient été éliminés d'entrée. Le FPÖ a obtenu l'annulation du scrutin, et une nouvelle élection devrait se tenir le 4 décembre.
- Slovaquie: l'extrême droite est entrée au Parlement en mars avec 14 sièges sur 150 pour le parti Notre Slovaquie (LSNS), lancé en 2012 et hostile aux Roms, à l'Otan comme à l'Union européenne (UE). Son président Marian Kotleba est considéré par ses opposants comme un néonazi. Le chef du gouvernement de centre-gauche Robert Fico a été réélu grâce notamment à un discours anti-immigration.
- Hongrie: au pouvoir depuis 2010, le Premier ministre Viktor Orban, président du Fidesz (populiste), organise le 2 octobre un référendum sur la répartition des réfugiés dans l'UE, après avoir érigé depuis l'automne 2015 des clôtures aux frontières avec la Serbie et la Croatie. Sa rhétorique profite au Jobbik (extrême droite) de Gabor Vona qui infléchit actuellement son discours antisémite, xénophobe et eurosceptique et ambitionne de détrôner le Fidesz aux législatives de 2018.
- Pologne: le parti conservateur et eurosceptique Droit et Justice (PiS) est revenu au pouvoir fin 2015. Son chef Jaroslaw Kaczynski a mis en garde contre les "parasites" des réfugiés. Le gouvernement s'oppose depuis juillet à la Commission européenne sur l'indépendance du pouvoir judiciaire.
- Finlande: après ses 17,65% aux législatives d'avril 2015 (38 députés sur 200), le parti anti-immigration et eurosceptique des Vrais Finlandais participe au gouvernement de coalition. Son président Timo Soini, ministre des Affaires étrangères, a admis fin 2015 que son parti pâtissait de la crise des migrants en étant aux affaires.
- Norvège: pour la première fois en 40 ans d'existence, le parti du Progrès (FrP) a accédé au gouvernement en octobre 2013 dans une coalition dominée par les conservateurs, malgré un recul électoral (16,3% contre 22,9% quatre ans auparavant). En décembre 2015, l'une de ses responsables, Sylvi Listhaug, s'est vu confier le nouveau ministère de l'Immigration et de l'Intégration.
- Danemark: le Parti Populaire Danois (DF) est un partenaire incontournable pour les gouvernements libéraux. Il a raflé 21,1% des voix aux législatives de 2015 et revendique la mesure de confiscation des biens de valeur aux migrants pour financer leur accueil entrée en vigueur début février.
- Grande-Bretagne: le choix historique des Britanniques le 23 juin pour le Brexit marque la concrétisation la plus spectaculaire du succès des populismes. Diane James, nouvelle présidente du parti anti-immigration et europhobe Ukip ambitionne d'en faire le premier parti d'opposition à la place du Parti travailliste.
- France: le Front National (FN, extrême droite) surfe sur les succès électoraux depuis 2012. Sa présidente, Marine Le Pen, compare le flux de migrants à une "invasion". Tous les sondages annoncent la présence au second tour de la présidentielle de 2017 de Mme Le Pen qui veut un référendum sur la sortie de l'UE.
- Pays-Bas: le Parti pour la Liberté (PVV, extrême droite, 12 députés), créé en 2006, est en tête des sondages pour les législatives de mars 2017. Il a lancé notamment sa campagne en affirmant vouloir "fermer toutes les mosquées" et "interdire le Coran". Son chef Geert Wilders veut aussi un référendum sur la sortie de l'UE.
19/09/2016
Source : AFP