À l’ONU, les États n’ont pas réussi à s’engager à la mesure de l’urgence du problème des réfugiés notamment Syriens.
Il y a les mots et puis il y a les actes. Sur le premier registre, tout le monde, à New York durant ce début de semaine, était d’accord. Le président américain a lancé mardi 20 septembre devant l’Assemblée générale des Nations unies : « Ensemble, aujourd’hui, nous devons ouvrir nos cœurs et faire davantage pour aider les réfugiés ». Les dirigeants qui s’étaient succédé la veille pour approuver « la déclaration de New York », puis ceux qui avaient assisté au « sommet des leaders sur les réfugiés » organisé par Barack Obama, avaient en gros exprimé les mêmes élans de solidarité.
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Sur le second registre, celui des actes, cette solidarité, cette « compassion », pour reprendre un mot du président américain, manque de clarté. Lors « du sommet sur les réfugiés », une cinquantaine de pays se sont engagés à accueillir 360 000 réfugiés pendant l’année qui vient, les États-Unis en accueillant 110 000. Dans les faits, ces douze derniers mois, les États-Unis n’ont ouvert leurs frontières qu’à 10 000 réfugiés syriens.
Une annonce loin des besoins
Cette annonce, même si elle est suivie d’effets, est encore loin des besoins. 2,1 millions de personnes dans le monde sont considérées comme des réfugiés vulnérables, c’est-à-dire qui ont quitté leurs pays, victimes de traumatismes, nécessitant des soins ou en butte à des discriminations.
« Face à ces besoins, il faut passer à la vitesse supérieure. Les annonces de mardi 20 septembre sont à prendre avec beaucoup de précautions », constate Jean-François Dubost, chez Amnesty International. Il regrette que la proposition du secrétaire général de l’ONU n’ait pas été retenue. Ban Ki Moon avait lancé le projet d’un « pacte mondial pour les réfugiés », incluant un mécanisme de répartition des réfugiés par pays d’accueil. Les pays ont préféré signer « une coquille vide » résume Jean-François Dubost, en référence à la « déclaration de New York ».
Certains politiques sont passés aux actes. Le premier ministre canadien Justin Trudeau, dont le pays a accueilli plus de 30 000 Syriens depuis décembre, a affirmé que cet afflux était autant « une opportunité » qu’un défi et a annoncé « que d’autres vont arriver ». Le ministre allemand des affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a promis que l’Allemagne, qui a accueilli un million de réfugiés l’an dernier, ne fermait pas sa porte. « Je crois que nous ne pouvons pas nous arrêter là », a-t-il dit.
Des engagements sur la base du volontariat
Les contributions financières de l’ensemble des pays réunis mardi 20 septembre pour « le sommet sur les réfugiés » seraient, pour les douze prochains mois, en hausse de 4,5 milliards de dollars par rapport à 2015. Ce chiffre, communiqué par la Maison-Blanche, inclut des fonds destinés à scolariser un million de réfugiés et à permettre à un million d’autres de trouver un emploi légalement.
Concernant la méthode de ce « sommet des réfugiés », les engagements des pays réunis à New York ont été pris sur la base du volontariat. Jean-François Dubost résume : « Les outils de prise en charge des réfugiés existent. Mais ces outils ne peuvent s’activer que sur la base du volontariat des pays à accueillir ou pas des réfugiés. Or le volontariat, cela ne suffit pas ».
21/09/2016, Pierre Cochez
Source: La Croix