L'interpellation mardi dans le nord de la France de deux policiers belges roulant à bord d'un fourgon transportant treize migrants a provoqué un malaise diplomatique entre Bruxelles et Paris, qui demande des explications.
Les fonctionnaires belges, qui avaient déposé les migrants dans un champ de maïs du côté français de la frontière sans avoir prévenu leurs homologues français, ont été relâchés après avoir été entendus avec le statut de témoins dans un commissariat, a indiqué la préfecture du Nord.
Le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a téléphoné à son homologue belge mercredi matin, puis a convoqué l'ambassadeur belge à Paris pour lui exprimer son mécontentement, a-t-on indiqué au ministère de l'Intérieur.
"Il n'est pas question que ça se reproduise. C'est contraire aux règles de droit et de la coopération entre les deux pays", a-t-on précisé.
"Il y a une convocation de l'ambassadeur, il y a des clarifications qui devront être données", a déclaré jeudi le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, à l'issue du Conseil des ministres.
"Ce fait a conduit le ministre de l'Intérieur à convoquer l'ambassadeur pour avoir une explication, elle sera sûrement franche et claire", a-t-il ajouté.
Une source gouvernementale belge a démenti qu'il y ait eu "convocation" de l'ambassadeur du royaume, précisant qu'une rencontre avait bien eu lieu au ministère français de l'Intérieur, mais qu'elle était prévue depuis au moins une semaine.
Selon une source proche de l'enquête, les deux policiers belges ont reconnu lors de leur audition que "ce n'était pas forcément la première fois" qu'ils avaient recours à ce genre de pratique.
Selon la radio-télévision belge RTBF, les deux policiers belges, qui dépendent du commissariat d'Ypres, ont voulu "donner un coup de main" à des migrants qu'ils venaient d'interroger au commissariat.
"On n'a pas fait ça pour gagner de l'argent, ce n'est pas du trafic de personnes. On a seulement donné un coup de main. On ne voulait pas les relâcher dans une ville où ils ne connaissent rien juste avant la nuit", a dit le commissaire d'Ypres, Georges Aeck, à la RTBF.
Le camp de Calais, où se trouvent quelque 10.000 migrants qui souhaitent passer au Royaume-Uni, est situé à une cinquantaine de kilomètres du lieu où les policiers belges ont été interpellés avec les migrants.
La Belgique a réintroduit au début de l'année des contrôles aux frontières avec la France, de nombreux migrants vivant à Calais tentant leur chance dans les ports belges.
Pour Didier Guillaume, président du groupe socialiste au Sénat, "c'est une très mauvaise histoire belge".
"Je pense qu'il faut que les services s'expliquent, que les gouvernements s'expliquent, ce n'est pas acceptable. Il faut savoir ce qu'il en est", a-t-il dit sur iTELE.
"Il y a un gros dysfonctionnement. S'il est avéré, c'est grave (...) si effectivement cela se reproduit régulièrement depuis plusieurs semaines, si c'est organisé, c'est un vrai problème", a-t-il ajouté.
22/09/2016,(Emmanuel Jarry, avec Gérard Bon, Jean-Baptiste Vey et Phil Blenkinsop, édité par Yves Clarisse)
Source : Reuters