Le vote du canton suisse du Tessin en faveur d'une limitation du nombre de travailleurs étrangers sur son territoire "ne va pas faciliter des discussions déjà difficiles" sur la question de la libre circulation des ressortissants de l'UE en Suisse, a averti lundi la Commission européenne.
Cette question est suivie de près tant en Suisse qu'au Royaume-Uni, dans le contexte du Brexit et de la future relation que Londres cherchera à négocier avec l'UE. D'où la volonté de Bruxelles de se montrer ferme.
"Nous prenons acte du vote intervenu hier (dimanche) dans le Tessin, qui d'après ce que nous comprenons, doit encore être validé par le gouvernement fédéral", a déclaré lundi lors d'un point presse Margaritis Schinas, porte-parole de la Commission.
"Le vote ne va pas faciliter d'une quelconque manière des discussions déjà difficiles", a-t-il ajouté.
L'Union européenne et la Suisse sont engagés depuis des mois dans des négociations --qualifiées d'"intenses" à Bruxelles--, pour déterminer de quelle manière Berne pourrait faire appliquer un précédent vote populaire de 2014, à l'échelon national, en faveur de l'introduction de quotas annuels de migrants (demandeurs d'asile, travailleurs frontaliers, etc.).
La Suisse n'est pas membre de l'UE mais y est associée par une multitude d'accords bilatéraux. Elle a accès au marché unique et l'UE veut s'assurer en échange d'un minimum d'entraves de sa part au principe de libre circulation.
"Les quatre libertés fondamentales du marché intérieur (libre circulation des biens, des personnes, des services et des capitaux, ndlr) sont inséparables, et dans le contexte suisse cela veut dire que la libre circulation des personnes est fondamentale", a rappelé le porte-parole, reprenant des propos récents du président de la Commission Jean-Claude Juncker.
M. Juncker, qui était la semaine dernière en visite à Zurich, doit revoir fin octobre le président suisse Johann Schneider-Ammann pour tenter de parvenir à "un accord acceptable pour les deux parties".
"Nous avons encore un long chemin pour y arriver", selon M. Schinas.
Un texte s'intitulant "Les nôtres d'abord" et soumis au vote par l'Union démocratique du centre (UDC, droite populiste) a été adopté dimanche par 58% des électeurs du Tessin, région italophone du sud de la Suisse.
Il exige que la Constitution du Tessin stipule désormais "que sur le marché du travail soient privilégiés, à qualifications professionnelles égales, ceux qui vivent sur son territoire par rapport à ceux qui viennent de l'étranger", avec pour objectif de lutter contre le "dumping salarial" et le chômage.
Sur les 200.000 postes de travail existant au Tessin, 63.000 sont occupés par des frontaliers, selon la radio télévision suisse publique RTS.
Au total, plus d'un million de ressortissants de l'UE vivent en Suisse et 300.000 autres franchissent la frontière quotidiennement pour y travailler, selon Bruxelles. Environ 450.000 Suisses vivent dans l'UE.
26/09/2016
Source : AFP