Amnesty International a dénoncé mardi le traitement infligé par la Hongrie aux demandeurs d'asile pour les dissuader d'entrer sur son territoire, à quelques jours du référendum organisé par Budapest sur les quotas de migrants proposés par Bruxelles.
Le gouvernement hongrois n'a pas réagi pour l'instant à la publication du rapport d'Amnesty qui l'accuse d'avoir remplacé "l'Etat de droit par le règne de la peur".
Ces critiques font écho aux déclarations du chef de la diplomatie luxembourgeoise Jean Asselborn, qui avait estimé avant le sommet européen de Bratislava, le 16 septembre, que la Hongrie devrait être exclue de l'Union européenne pour avoir bafoué ses valeurs en érigeant une clôture le long de sa frontière Sud.
Pour John Dalhuisen, directeur d'Amnesty pour l'Europe, les initiatives du Premier ministre Viktor Orban visant à empêcher les réfugiés d'arriver en Hongrie "se sont accompagnées d'attaques encore plus perturbantes contre eux et contre les règles internationales conçues pour les protéger".
L'agence de l'Onu pour les réfugiés a demandé cet été à la Hongrie d'enquêter sur des accusations de mauvais traitements infligés par ses forces de l'ordre aux demandeurs d'asile, dont des passages à tabac et des lâchers de chiens policiers. Budapest a nié maltraiter les réfugiés.
Amnesty, qui dit avoir interrogé 143 personnes pour établir son rapport, corrobore les accusations dont l'agence onusienne s'était fait l'écho et conclut à un "usage excessif de la force" contre les migrants.
La politique de Viktor Orban divise l'Europe, certains le remerciant d'avoir ralenti le flux de migrants remontant la "route des Balkans" vers l'Europe de l'Ouest et du Nord tandis que d'autres lui reprochent d'ignorer les règles d'accueil des réfugiés.
Le Premier ministre hongrois a annoncé pour dimanche 2 octobre la tenue d'un référendum sur le système de quotas de répartition des demandeurs d'asile proposé par l'UE pour alléger le fardeau de la Grèce et de l'Italie, principales portes d'entrée des réfugiés en Europe.
Viktor Orban espère qu'un vote massif de ses compatriotes contre ce projet contesté dans d'autres pays d'Europe centrale permettra de l'enterrer définitivement et de remettre à plat la politique migratoire du bloc impulsée par l'Allemagne.
"Les dirigeants européens doivent être organisés, pas Orbanisés", rétorque John Dalhuisen. "Leur incapacité à s'opposer fermement aux violations des règles européennes par la Hongrie renforcera les xénophobes et les populistes", met en garde le responsable d'Amnesty.
27 sept 2016, (Gabriela Baczynska; Tangi Salaün pour le service français)
Source : Reuters