L'ouvrage "Un si long chemin - Paroles de réfugiés au Maroc" de l'écrivain et psychanalyste marocain, Jalil Bennani, relate "une aventure humaine et une expérience de voyage de réfugiés au Maroc, parsemées d'embûches", a affirmé, mardi soir à Rabat, son auteur.
"Il n'y a pas que des réussites mais il y a également des souffrances dans ce livre", a indiqué l'écrivain lors d'une conférence-débat autour de cet ouvrage, faisant observer que "l'être humain a tendance à sortir des situations très difficiles où le périple a été si périlleux et si parsemé de risques, usant de ses possibilités de résistance et de ses capacités".
Cet ouvrage, qui relate les portraits de 30 réfugiés issus de 16 pays différents, témoignant de leur vécu, de leur capacité à surmonter de très lourdes épreuves et des possibilités à s'intégrer, vise à sensibiliser le public à l'accueil des réfugiés, à lutter contre les stéréotypes et préjugés qui peuvent être véhiculés, a expliqué M. Bennani.
Il a ajouté que le Royaume a, certes, une longue tradition d'hospitalité et de pluralité culturelle, identitaire et linguistique, néanmoins, l'arrivée de réfugiés pousse aujourd'hui tout un chacun à repenser sa conception de l’accueil, son interculturalité et son ouverture sur l'Autre.
Ce projet donne, par ailleurs, un regard sur le Maroc, sur ses possibilités d'accueil et sur de possibles facteurs de rejet de l'autre, a précisé l'auteur de l'ouvrage, saluant la nouvelle politique nationale d'immigration et d'asile du Royaume qui permet de donner espoir à des milliers d’immigrés et de réfugiés en un avenir meilleur.
S'exprimant à cette occasion, le représentant du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) au Maroc, Jean-Paul Cavaliéri, a noté qu'un total de 6.309 personnes se trouvent actuellement sous le mandat du HCR. Parmi ces personnes figurent 4.171 réfugiés qui ont besoin d'une protection internationale, majoritairement des Syriens (66%), tandis que 2.138 autres sont des demandeurs d'asile dont les dossiers sont d'ores et déjà en cours d'examen, a-t-il fait savoir.
S'agissant de la provenance des réfugiés, ils sont issus de près de 40 pays et sont établis dans environ 35 localités au Maroc à savoir, 1.498 réfugiés dans la région de Rabat-Salé-Kénitra, 812 sur Casablanca, 485 à Oujda et 328 à Tanger, entre autres, a précisé M. Cavaliéri.
De son côté, Michel Logna-Prat, en sa qualité de juriste a relevé qu'un individu est réfugié par manque de protection dans son pays d'origine. "Un réfugié est celui qui quitte son pays natale pour traverser une frontière pour des raisons politique, sociale, religieuse ou économique, parce qu'il ne se sent plus protégé par les autorités de son pays", a-t-il expliqué.
Il a, à cette occasion, souligné l'importance de l'intégration des réfugiés en raison de leurs contributions à la richesse nationale et au développement du pays d'accueil, appelant à améliorer les conditions dans lesquelles vivent ces réfugiés et à les préparer à des solutions durables.
Cette rencontre a été marquée par la présentation de photographies de réfugiés réalisées par le photographe vidéaste M’hammed Kilito, redonnant dignement une visibilité à ces êtres de l’exil rencontrés par le psychanalyste, avec des clichés plus subjectifs où le regard semble faire un pas de côté pour donner à voir l’envers d’une société ignorant parfois la richesse de la diversité qui la compose.
Si les déplacements forcés et le déracinement font partie du sort commun de l’humanité, les questions migratoires se posent aujourd’hui avec une acuité et une ampleur sans précédent. Par centaines et par milliers, des hommes, des femmes et des enfants prennent le chemin de l’exil, fuyant la violence, l’intolérance, les persécutions, le désir de détruire et les guerres dévastatrices aux mobiles inhumains.
Risquer le départ ou être assuré de mourir : tel a été le défi de milliers de réfugiés arrivant au Maroc. Ils résident dans différentes villes et villages du Royaume et sont originaires de plusieurs pays et régions.
Leurs récits touchent à l’actualité dans ses aspects les plus vifs : l’exil, les passages et les refoulements au niveau des frontières, la perception de la différence, l’exclusion, les croyances, les questions identitaires. Ces réfugiés sont les témoins de l’évolution de la société marocaine, prise entre ses traditions et une modernité galopante.
28 sept 2016
Source : MAP