vendredi 22 novembre 2024 15:00

Marseille enterre son projet de grande mosquée

Jean-Claude Gaudin a acté lundi l'abandon, en raison des retards de paiement de ses promoteurs, de la construction de la grande mosquée de Marseille, dont la première pierre avait été posée en 2010 dans les quartiers nord de la ville.

"Tout le monde a droit à son édifice cultuel prestigieux. En réalité, dans ce dossier, l'argent n'est jamais arrivé", a dit le maire (LR) de Marseille lors du conseil municipal.

L'édifice devait être érigé dans le XVe arrondissement, sur l'emplacement des anciens abattoirs, et compter parmi les plus grands de France avec une salle de prière de 2.500 m2.

La mosquée devait accueillir quelque 7.000 fidèles et comprendre, outre la grande salle de prière, une école coranique, un restaurant, une librairie et une bibliothèque.

D'un coût estimé à 22 millions d'euros, son inauguration avait été programmée pour la fin 2011 mais des dissensions au sein de la communauté musulmane de Marseille, principalement entre ses sponsors algérien et marocain, ont miné le projet.

Dans la matinée, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) Anouar Kbibech avait lancé un "appel vibrant" au maire de Marseille "pour lui dire qu'il y a des éléments positifs sur la table, que le CFCM est prêt à se mobiliser pour faire redémarrer le projet".

"Nous sommes à son entière disposition pour avancer ensemble", avait-il dit sur franceinfo.

La municipalité avait signé, fin 2007, avec l'association "La mosquée de Marseille" un bail emphytéotique de 50 ans pour la mise à disposition d'un terrain de 8.600 m2, moyennant un loyer annuel de 24.000 euros. HONTE POUR LES UNS, FIERTÉ POUR LES AUTRES

C'est ce bail qui a été dénoncé lundi par la municipalité, qui s'appuie sur le fait que l'association n'a versé que partiellement les loyers dus en 2013 et 2014.

"Aucune somme n'a été versée par l'association au titre de l'année 2015 de sorte que l'association était, au 31 décembre 2015, débitrice de plus de 62.000 euros", a précisé la municipalité.

L'association s'était également engagée contractuellement à réaliser les travaux dans un délai de sept ans après l'obtention des autorisations administratives.

Le permis de construire a été délivré en septembre 2009 et la déclaration d'ouverture du chantier, en date du 19 juin 2013, n'a pas été suivie de travaux significatifs. La mairie a fait constater l'absence de réalisation à la fin du mois de septembre pour résilier le bail de façon unilatérale.

"J'ai honte pour ma ville. Si on avait fait cette mosquée, on n'aurait pas certains lieux de culte dans les caves, maîtrisés ou pas. Nous avons tous intérêt à ce que les choses s'apaisent et ne s'enveniment pas", a dit Samia Ghali, sénatrice et maire socialiste des XV et XVIe arrondissements de Marseille.

"Je suis fier d'avoir épargné cela à la ville", a quant à lui répondu Stéphane Ravier, sénateur et maire Front national des XIII et XIVe arrondissement de la ville. Le FN avait introduit des recours pour s'opposer au projet.

Marseille compte aujourd'hui environ 70 lieux de prières, dont aucun n'a une dimension symbolique, pour accueillir les 200.000 personnes de confession musulmane de la ville, soit le quart de la population marseillaise.

3 oct 2016, Jean-François Rosnoblet

Source : Reuters

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