Le ministre allemand de l'Intérieur a demandé dimanche que les demandeurs d'asile entrés en Europe par la Grèce puissent être à nouveau renvoyés dans ce pays et exhorté Athènes en parallèle à expulser davantage de migrants en Turquie.
"Je voudrais voir la convention de Dublin s'appliquer à nouveau (...) nous reprendrons la discussion à ce sujet lors d'une réunion des ministres (européens) de l'Intérieur" courant octobre, a indiqué le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière, dans un entretien publié par le quotidien grec Kathimerini.
Imposant aux pays de première arrivée dans l'UE la prise en charge des demandeurs d'asile, le règlement de Dublin y prévoit leur renvoi s'ils gagnent d'autres États membres avant l'examen de leurs cas. Mais cette clause a été suspendue pour la Grèce depuis 2011, après la condamnation du pays par la justice européenne pour les mauvais traitements alors réservés aux candidats à la protection internationale.
"Depuis, l'UE a fourni un soutien important, pas seulement financier" à la Grèce pour améliorer ses procédures d'asile, a relevé le ministre allemand.
"Les critiques pour la non application de la convention par la Grèce ne cessent d'augmenter en Allemagne", a souligné le ministre.
Cette perspective suscite de fortes critiques en Grèce, qui doit déjà assurer l'accueil de plus de 60.000 réfugiés et migrants bloqués après le verrouillage européen face à l'exode, notamment syrien, de 2015.
Mais l'Allemagne se plaint en retour de ce que la Grèce, à ses yeux, ne respecte pas pleinement l'accord conclu entre l'Union européenne et la Turquie pour contenir le flux de migrants.
"La Grèce doit procéder à davantage d'expulsions" vers la Turquie, "si l'on veut que l'Allemagne puisse aller chercher davantage de gens ayant besoin d'une protection en Turquie", a critiqué dimanche soir M. de Maizière sur la chaîne de télévision allemande ARD.
Athènes veut transférer un grand nombre des réfugiés actuellement installés dans des centres bondés situés sur ses îles de la Mer Egée vers la Grèce continentale.
Or, l'accord UE-Turquie prévoit que la Grèce maintienne plutôt les migrants, ceux venant de Syrie en particulier, sur ses îles, afin de les renvoyer plus facilement vers la Turquie, d'où la plupart viennent, et d'éviter qu'ils ne prennent directement le chemin du nord de l'Europe.
En échange de tout réfugié syrien repris par la Turquie, l'UE s'est engagée à en accueillir un autre installé sur le territoire turc et répondant aux critère du droit d'asile.
Athènes plaide de son côté avec Rome, pour un mécanisme européen qui répartirait la prise en charge des intéressés dès leur arrivée.
En Sardaigne, des parents réclament des toilettes séparées à l'école pour 2 migrants
Deux enfants migrants arrivés seuls en Italie ont été forcés pendant un temps d'utiliser des toilettes séparées dans l'école privée catholique où ils sont scolarisés, à la demande insistante de parents des autres élèves, rapportent samedi plusieurs médias italiens.
Secourus en mer pendant l'été, les deux enfants de 9 et 11 ans, l'un Egyptien, l'autre Ethiopien, ont été inscrits dans cette école tenue par des religieuses à Cagliari, en Sardaigne, pour la rentrée scolaire.
De nombreux parents d'élèves ont alors protesté, évoquant en particulier des risques pour la santé de leurs enfants en raison des éventuelles maladies contractées par les deux migrants dans leur pays ou pendant leur périple vers l'Italie, rapporte le quotidien La Stampa.
Malgré la présentation de certificats médicaux attestant de la bonne santé des deux enfants, plusieurs familles ont menacé de retirer leurs propres enfants de l'école, et deux d'entre elles l'ont fait.
L'établissement a alors décidé, "par précaution", de mettre en place des toilettes séparées pour les deux jeunes réfugiés.
"Leurs petits camarades ont été peu sociables. Pendant les récréations, ils ont été tout de suite isolés, et pas seulement parce qu'ils ne parlaient pas encore l'italien", a raconté à la Stampa l'une des deux avocates chargées de la tutelle des enfants.
"L'attitude des autres enfants est, à l'évidence, le reflet de ce qu'ils entendent dans la bouche de leurs parents", a-t-elle dénoncé.
Mais l'école a finalement renoncé à toute ségrégation: "Ces enfants ont déjà vu de leurs yeux les horreurs de la guerre. Nous devons les faire vivre en paix, ils doivent se sentir les bienvenus chez nous", a déclaré l'une des religieuses à la presse.
1 oct 2016
Source : AFP