Cinq éléments clefs sur la crise migratoire: le nombre de migrants tentant l'aventure, leur provenance, les victimes et les naufrages, des images choc, les réponses de l'UE.
Plus de 10.600 migrants ont été secourus en 48 heures en Méditerranée mais des dizaines de morts ont été retrouvés dans les canots.
Plus de 300.000 migrants et réfugiés ont traversé la Méditerranée en 2016 pour se rendre en Europe, selon les derniers chiffres du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).
Ce chiffre est nettement inférieur à celui de 2015 (970.000) mais reste supérieur aux arrivées en 2014 (216.054).
La fermeture de la route des Balkans a fortement endigué le flux migratoire en Europe via la Turquie et la Grèce, et poussé les migrants à emprunter davantage la voie partant de Libye et d'Egypte, vers l'Italie.
L'Italie a vu arriver plus de 467.000 migrants depuis trois ans, dont 140.000 depuis le début de cette année.
En 2015, la Grèce avait été prise de court par l'ampleur du flux migratoire, environ 870.000 personnes ayant traversé la mer Egée.
Les migrants partant de Libye sont quasiment tous originaires d'Afrique sub-saharienne. Mais l'ensemble des réfugiés en Europe arrivent principalement de la Syrie, où la guerre depuis la mi-mars 2011 a contraint plus de 4,8 millions de personnes à fuir le pays. La Turquie est aujourd'hui la principale terre d'asile de ces réfugiés.
Selon le HCR, quelque 48% des personnes arrivant en Grèce sont des Syriens, 25% viennent d'Afghanistan, 15% d'Irak, 4% du Pakistan et 3% d'Iran.
Ceux qui arrivent en Italie viennent à 20% du Nigeria et à 12% d'Erythrée. Ils sont également 7% à venir de Gambie, 7% de Guinée, 7% du Soudan, 7% de Côte d'Ivoire.
Depuis 2014, plus de 10.000 migrants ont perdu la vie en mer, pour la plupart en Méditerranée centrale: quelque 3.500 depuis le début de cette année, 3.771 en 2015 et 3.500 en 2014, selon le HCR.
La pire catastrophe en Méditerranée depuis des décennies a eu lieu au large des côtes libyennes le 19 avril 2015. Jusqu'à 800 migrants venant d'Afrique de l'ouest ont péri dans le naufrage d'un chalutier qui a percuté un cargo portugais venu lui porter secours.
Plus récemment, le 20 avril 2016, environ 500 personnes seraient mortes au sud de la Méditerranée, dans le naufrage d'un bateau parti de Libye, selon la quarantaine de rescapés.
Le 3 octobre 2013, une embarcation partie de Libye prend feu et coule tout près de l'île italienne de Lampedusa: 366 corps sont récupérés. Les images des cercueils alignés poussent l'Italie à lancer la vaste opération de secours Mare Nostrum.
Fin août 2015, 71 migrants sont découverts morts asphyxiés dans un camion frigorifique venant de Hongrie et abandonné au bord d'une autoroute autrichienne.
Une semaine plus tard, la photo du corps d'un petit Syrien de 3 ans, Aylan, gisant face contre terre sur une plage de Turquie, créé une onde de choc à travers le monde, participant à la prise de conscience sur le sort des migrants.
Berlin assouplit début septembre 2015 ses règles d'accueil pour les ressortissants syriens, provoquant une arrivée massive de demandeurs d'asile (890.000 sur l'année). L'Allemagne, au bord de la saturation, réintroduit alors aussitôt les contrôles à ses frontières, suspendant la libre circulation dans l'espace européen.
La décision de Berlin fait rapidement des émules, principalement les pays de l'Est qui rejettent les quotas de répartition des réfugiés entre les 28 membres de l'UE. L'Autriche, la République tchèque, la Slovaquie, pays de transit, rétablissent les contrôles frontaliers. La Hongrie et la Slovénie, principaux pays d'entrée dans la zone Schengen, érigent des clôtures de barbelés.
En mars 2016, l'UE et la Turquie concluent un accord controversé qui prévoit le renvoi de tous les migrants arrivant en Grèce. Pour chaque Syrien renvoyé, un Syrien doit être relocalisé en Europe.
5 oct 2016
Source: AFP