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En Méditerranée, une "exacerbation de la crise des réfugiés", dit un responsable d'Amnesty (TROIS QUESTIONS)

La multiplication des drames en Méditerranée, où près de 11.000 migrants ont été secourus en 48 heures, place l'Union européenne face à une "exacerbation totale de la crise des réfugiés", estime Jean-François Dubost, responsable du programme "personnes déracinées" à Amnesty International France.

R: "Normalement à cette époque on assiste à une baisse des arrivées. Mais cela confirme des tendances qu'on ne cesse de dénoncer: la situation en Libye est tellement dégradée qu'on assiste à une fuite en avant. Dès qu'ils mettent le pied sur le sol libyen, les gens ne pensent qu'à partir. C'est dramatique.
Il est très difficile de prédire si le nombre d'arrivants va baisser. Les trafiquants sont aux manettes et ils ont tout intérêt à continuer de vendre l'idée que, même en plein hiver, on peut traverser la Méditerranée. D'un strict point de vue économique, c'est avantageux pour eux.

Mais plus il y a de monde à faire traverser, moins les conditions sont bonnes en termes d'équipements, et moins on se préoccupe des conditions météo. Cela risque de se traduire par un plus grand nombre de naufrages et de vies perdues. On est dans l'exacerbation totale de la crise des réfugiés.
Les contacts que nous avons à Vintimille font remonter des informations plutôt inquiétantes. Pour certaines nationalités, les Érythréens notamment, le prix de la traversée est extrêmement faible, alors qu'il était encore de plusieurs milliers de dollars il y a quelque temps. La concurrence s'est accrue pour faire partir les gens, donc les prix baissent. Ce n'est pas vrai pour toutes les nationalités et il est difficile de comprendre pourquoi, cela peut dépendre des filières qui se rattachent souvent à des nationalités".

R: "Ces sauvetages posent la question de la solidarité interne en Europe avec l'Italie et de la relocalisation. Sur 160.000 personnes prévues à l'origine, moins de 6% ont été relocalisées, autant dire que c'est un échec. Cela tient peut-être à la mauvaise volonté des États, mais aussi aux critères posés au départ pour les personnes à relocaliser, et qui sont extrêmement restrictifs en termes de taux d'obtention du statut de réfugié.

Un État ne devrait pas être seul à gérer la frontière extérieure, sans soutien significatif des autres États. Le problème est que le projet de refonte des accords de Dublin (qui fixent la responsabilité du traitement des demandes d'asile, ndlr) laisse une grande part de responsabilité au pays de premier accueil, alors même qu'il aurait dû être plus innovant sur le partage de la solidarité.

Si on veut sauver des vies avant de contrôler l'immigration, il est certain qu'il faut renforcer les opérations de sauvetage en Méditerranée".

R: "Nous sommes très inquiets, car le dispositif libyen avec lequel collabore l'Union européenne n'est pas suffisamment garant et protecteur des droits. Les accords passés dans le domaine migratoire doivent être très encadrés, et ne pas conduire à des abus ou les favoriser.

Or après l'interception de navires partant des côtes libyennes, les personnes risquent d'être maltraitées par les garde-côtes et connaître le traitement réservé aux étrangers en Libye, à savoir torture, mauvais traitements, parfois disparition, détention illimité, traitement dégradants... on est vraiment dans l'enfer pour les réfugiés et migrants en Libye. C'est très inquiétant, et on n'en est sans doute qu'au début".

5 oct 2016, Claire Gallen

Source : AFP

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