picto infoCette revue de presse ne prétend pas à l'exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse marocaine, internationale et autres publications, qui n'engagent en rien le CCME.

Lituanie : l'exode de la population active thème central des législatives (PRESENTATION)

Le gouvernement de gauche lituanien joue sa survie dimanche au premier tour des élections législatives dont le thème dominant est l'émigration de la population active et la crise démographique.

La population de ce pays balte est tombée de 3,5 millions en 2001 à 2,9 millions en 2015, et les prévisions ne sont guère optimistes.

Depuis que la Lituanie a rejoint l'Union européenne en 2004, près de la moitié d'environ 370.000 personnes parties à l'étranger sont allées en Grande-Bretagne, où la colère contre les immigrés de l'Est a favorisé le vote en faveur de la sortie de l'UE.

Qu'ils soient de droite ou de gauche, les candidats aux législatives cherchent maintenant des solutions aux disparités économiques qui avaient poussé tant de gens à chercher une vie meilleure en Occident.

Ainsi, l'augmentation des salaires et la création d'emplois sont devenus le cri de ralliement de tous les partis politiques.

Le Premier ministre Algirdas Butkevicius, leader des sociaux-démocrates, a promis une nouvelle hausse du salaire minimum.

Mais un code de travail controversé qu'il avait fait adopter pour favoriser les embauches risque de réduire à néant l'avance dont son parti est crédité par les sondages.

"Tous les politiciens doivent dire aux gens qui ont émigré: +Pardonnez-nous notre indifférence, nos défaillances. Nous vous avons expulsés de Lituanie", a dit récemment l'un des rivaux de Butkevicius, l'ancien chef de la police nationale, Saulius Skvernelis, lors d'un débat à la télévision.

Le leader conservateur Gabrielius Landsbergis a juré, lui, d'attirer des investisseurs scandinaves, britanniques et allemands pour créer des emplois.

"Nous devons renforcer l'investissement dans les régions. Nous voulons aussi utiliser les fonds européens pour améliorer la production des entreprises locales", a-t-il dit à l'AFP.

A 50 minutes de voiture à peine de la vibrante capitale Vilnius, on découvre la ville de Kaisiadorys, durement touchée par l'émigration de ses habitants.

En un quart de siècle, depuis la chute du communisme, la population a chuté de 25%, tombant à 10.000, soit le nombre de Lituaniens vivant à Peterborough, dans l'Est de l'Angleterre.

"Nous avons de grands élevages de volaille et des usines de viande, mais ils doivent embaucher des ouvriers d'autres villes et villages", a dit à l'AFP le maire, Vytenis Tomkus.

La fleuriste, Regina Kaseliene, 50 ans, explique que les salaires à Kausiadorys étaient trop bas pour que ses deux enfants restent sur place.

"Ma fille est partie pour la France il y a cinq ans et mon fils pour la Norvège l'année dernière. Il voudrait revenir, mais pas avant d'avoir économisé assez d'argent pour acheter un appartement", a-t-elle expliqué à l'AFP.

L'économie lituanienne a opéré un rétablissement remarquable après un plongeon à l'époque de la crise financière mondiale des années 2008-2009. Cette année une croissance de 2,5% est attendue.

Mais le salaire mensuel moyen dépasse à peine 600 euros après impôt et figure parmi les plus bas dans l'UE, alors que les ratios de pauvreté et de disparités demeurent élevés.

"Les indicateurs économiques montrent une amélioration, mais cela est ressenti seulement par une petite fraction de la société, ce qui crée un sentiment d'injustice", explique à l'AFP Audra Sipaviciene, la chef de l'antenne locale de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Certains analystes suggèrent que les efforts des Britanniques pour contrôler l'immigration et la montée des crimes anti-migrants pourraient contribuer à freiner l'exode de Lituanie.

Mais Mme Sipaviciene prévient que les migrants, décidés à rester au Royaume-Uni, peuvent réagir en demandant la naturalisation, ce qui les forcera à renoncer aux passeports lituaniens.

Le Premier ministre sortant, homme de gauche, devra affronter la concurrence des conservateurs de Landsbergi et de l'Union des paysans et verts (LGPU, centre gauche) qui soutient Skvernelis et bénéficie d'une bonne popularité à la campagne.

Cinq autres partis pourraient atteindre aussi le seuil de 5% des voix et entrer au parlement qui compte 141 députés.

Soixante-dix d'entre eux sont élus à la proportionnelle, et 71 lors d'un scrutin majoritaire uninominal, dont le deuxième tour est prévu le 23 octobre.

7 oct 2016

Source : AFP

Google+ Google+