« Migration et mobilité intra et interrégionale en Afrique ». C’est le thème qui a regroupé à Dakar, du 3 au 4 octobre, le Réseau Migration et Développement de la Société civile en Afrique (Made Afrique) que dirige la Caritas Sénégal.
Comment accueillir les migrants dans les pays africains ? C’est la question que se sont posés la Caritas Sénégal et ses partenaires au cours d’un forum organisé les 3 et 4 octobre à Dakar.
Ils ont, en particulier, dénoncé les dispositions empêchant l’accueil de réfugiés en Afrique. « Il est difficile d’exiger de l’Europe ce que nous n’arrivons pas à appliquer chez nous », explique le P. Alphonse Seck, secrétaire général de Caritas Sénégal. « S’ils veulent dénoncer les conditions de plus en plus restrictives d’accueil des réfugiés en Europe, les Africains doivent commencer par balayer devant leur porte. »
À cette occasion, les pays de l’Afrique de l’Ouest, du centre, du Maghreb et de l’Europe, représentés par des organisations des droits de l’homme, ont expliqué la façon dont ils travaillent sur le terrain.
Opportunité
Caritas Sénégal et ses partenaires souhaitent que « les projets migratoires, loin d’être des lieux de mort, constituent plutôt une opportunité de construction personnelle et collective de développement des peuples et des États », précise le P. Seck.
C’est le cas au Sénégal où, sur le terrain, des mesures sont prises. « En collaboration avec les autorités publiques qui définissent les politiques, nous tentons de sensibiliser les populations et d’analyser les politiques migratoires, notamment pour déceler quelles sont les entraves. La liberté de circuler est un droit, et il faut le faire valoir », explique Mamadou Mignane Diouf, membre de Caritas Sénégal.
Au Togo et au Mali
Un travail similaire est également fait au Togo. « On a un œil très vigilant sur les politiques de migration et de mobilité », confirme Abi Samir, directeur exécutif de l’association « Visions solidaires », membre du Réseau Migration et Développement de la Société civile en Afrique. Sur le terrain, le travail de cette structure consiste également à vérifier si les pratiques de la police et des agents administratifs sont conformes aux textes en vigueur. « Nous faisons de l’information citoyenne sur les voyageurs et sur les pratiques à adopter lors du voyage », poursuit Abi Samir.
« En collaboration avec l’État malien, nous avons une antenne à l’aéroport national où nous recevons dans des conditions dignes les expulsés. Grâce à notre travail, nous avons obtenu la suppression de la loi d’emprisonnement qui visait certaines personnes de retour au pays », explique, au Mali, Ousmane Diarra, président de l’Association Malienne des Expulsés (AME).
Un travail payant
Au Maroc, ce travail sur le terrain a déjà été payant. « Le Maroc est, aujourd’hui, le premier pays qui a fait dans sa partie sud une politique pour la régularisation à 100 % de femmes et enfants migrants », se réjouit Abdefatah Ezzine, coordinateur du Réseau Marocain Transnationale Migration Développement.
Ce chercheur confie que son réseau est en train de plaider pour mettre sur pied un mode de régularisation « plus ouverte et plus inclusive ». « Une fois régularisée, insiste Abdefatah Ezzine, la personne a besoin de certains outils pour s’intégrer »
10 octobre 2016, Charles Senghor
Source : urbi-orbi-africa.la-croix.com