Le gouvernement français s'est efforcé mardi de désamorcer les critiques virulentes d'associations d'aide aux migrants à l'approche du démantèlement de la "Jungle" de Calais (nord), en réaffirmant son objectif d'une opération "humanitaire".
Cette opération est "un impératif humanitaire", qui "tiendra compte de la situation de chacun" pour "lui proposer une solution de mise à l'abri adaptée", ont assuré les ministres français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, et du Logement, Emmanuelle Cosse, à l'issue d'une rencontre à Paris avec les ONG présentes dans le campement de migrants de Calais face aux côtes anglaises.
L'association caritative Emmaüs avait demandé lundi soir "le report du démantèlement" de ce camp abritant entre 7.000 et 10.000 personnes (selon les comptages), tandis qu'un responsable du Secours catholique dénonçait une "opération sécuritaire" et une "chasse aux exilés".
A l'origine des inquiétudes des associations, la situation des mineurs isolés, évalués à 900 environ à Calais, et la rapidité du démantèlement à venir, difficilement compatible selon elles avec une opération respectueuse des droits.
Sur le premier point, les ministres "partagent pleinement" la préoccupation des ONG: les mineurs non accompagnés "se verront proposer une orientation adaptée, au Royaume-Uni ou en France", ont-ils affirmé.
La France a demandé lundi à Londres d'"assumer son devoir moral" vis-à-vis des migrants mineurs cherchant à rejoindre leur famille en Grande-Bretagne, alors que le pays n'a jusqu'à présent accepté que 72 dossiers.
Par ailleurs, les associations dénoncent "le projet de disparition des centres (d'accueil) en dur" de Calais, qui abritent notamment les publics vulnérables, a expliqué à l'AFP Laurent Giovannoni, du Secours catholique.
Les ONG craignent que l'afflux à Calais de migrants désireux de rejoindre la Grande-Bretagne ne s'arrête pas après le démantèlement de la "Jungle".
De source proche du dossier, on confirme que les structures existantes doivent fermer, mais que "d'autres dispositifs d'accueil" seront proposés.
Les autorités françaises prévoient de relocaliser les migrants de Calais dans quelque 160 centres d'accueil disséminés sur tout le territoire.
Or, "il n'y a pas de réponses pour les personnes qui ne voudront pas aller en Centre d'accueil et d'orientation et ne veulent pas demander l'asile", a déploré auprès de l'AFP le président d'Emmaüs France Thierry Kuhn.
11 oct. 2016
Source : AFP