Trois universitaires ont été chargés mardi de remettre d'ici décembre au gouvernement des préconisations pour mettre en place une nouvelle offre de formation des imams de France, qui devrait voir le jour en septembre 2017.
La création de diplômes d'islamologie, pour aller au-delà des formations à la laïcité déjà proposées dans 17 grandes universités à de futurs imams et aumôniers, avait été annoncée fin août dans le cadre des travaux pour un "islam de France".
L'islamologue Rachid Benzine, l'historienne Catherine Mayeur-Jaouen et la juriste Mathilde Philip-Gay ont été reçus mardi au ministère de l'Intérieur par Bernard Cazeneuve et sa collègue de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem.
L'objectif de leur mission est "d'améliorer l'offre de formation accessible aux imams de France au sein des universités françaises, dans le strict respect de la laïcité", écrivent les deux ministres dans un communiqué commun.
Après avoir soutenu la création de diplômes universitaires offrant des formations "civiles et civiques" (17 à ce jour), le gouvernement souhaite "franchir une nouvelle étape en suscitant la création, au sein des universités publiques, de centres ou de cursus d'excellence en islamologie", ajoute le texte.
"Ces formations devront notamment pouvoir être suivies par de futurs imams français en complément du parcours qu'ils accomplissent au sein d'instituts privés de théologie, mais aussi par tous les étudiants intéressés par ces questions dans une optique purement profane", ajoute-t-il.
Bernard Cazeneuve a lancé fin août des consultations avec des représentants de la communauté musulmane, de la société civile et des parlementaires pour donner un nouvel élan à la construction d'un "islam de France".
Une Fondation pour l'islam de France, présidée dans un premier temps par l'ancien ministre de l'Intérieur Jean-Pierre Chevènement, devrait voir le jour d'ici novembre, et une association cultuelle dirigée par des musulmans sera chargée du financement des mosquées et de la formation théologique des imams.
Souvent formés seuls ou à l'étranger, les imams de France ne parlent pas toujours français et ont des profils très hétérogènes. Des religieux respectés, formés dans les meilleurs instituts ou autodidactes, côtoient des prêcheurs "autoproclamés", l'imamat n'étant régi par aucun statut.
Plusieurs centaines d'entre eux sont envoyés en France pour de courtes durées par des Etats étrangers comme la Turquie, l'Algérie et le Maroc.
11 oct. 2016, (Chine Labbé, édité par Jean-Baptiste Vey)
Source : Reuters