L’Union européenne (UE) et la Tunisie ont entamé mercredi à Tunis des négociations, en parallèle, de deux accords, le premier destiné à faciliter l’octroi de visas aux ressortissants tunisiens et l’autre visant à accélérer la réadmission des migrants en situation irrégulière, a annoncé la Commission européenne.
«La Commission et la Tunisie ont commencé aujourd'hui à Tunis la négociation en parallèle d'un accord destiné à assouplir les procédures de délivrance des visas de court séjour et d'un accord visant à établir des procédures de réadmission des migrants en situation irrégulière», a indiqué l’exécutif de l’Union dans un communiqué.
Les assouplissements qui seront accordés à la Tunisie dans le cadre des négociations visant à faciliter la délivrance de visas, pourraient porter sur l'allégement ou l'élimination, au moins pour quelques catégories de personnes, de certaines des obligations prévues par le Code Visa, a expliqué la Commission européenne.
Les négociations concernant l'accord sur la réadmission des migrants irréguliers devraient «définir les procédures à suivre par les deux parties en vue de clarifier, de simplifier et d'accélérer la coopération dans ce domaine», a-t-elle ajouté.
Le lancement de négociations des deux accords en parallèle vise à pousser les autorités tunisiennes à accepter un accord de réadmission des migrants en contrepartie de facilitations d’octroi de visas aux ressortissants tunisiens, avance une source européenne.
«L’UE entend utiliser l’assouplissement des procédures de visas comme moyen de pression pour obliger le gouvernement tunisien à accepter un accord de retour et de réadmission des migrants expulsés d’Europe», a affirmé la même source.
Le commissaire européen chargé de la migration, des affaires intérieures et de la citoyenneté, Dimitris Avramopoulos, cité dans le communiqué, a indiqué que la Tunisie pourrait être le premier pays d'Afrique du Nord à bénéficier d'un accord ambitieux de facilitation des visas. «En parallèle, la conclusion d'un accord de réadmission contribuera à mieux prévenir le risque d'immigration irrégulière en provenance de la Tunisie, ainsi qu'à gérer ses conséquences», a-t-il souligné.
Ces derniers mois, l’UE a approfondie sa coopération avec les pays tiers sous diverses formes, suivant quatre objectifs différents : déléguer le contrôle des flux migratoires et des frontières aux pays voisins de l’UE, sous traiter les procédures liées à l’asile, obliger les pays tiers à réadmettre les migrants expulsés d’Europe, et enfin travailler sur les causes des migrations pour réduire les départs.
L’UE négocie depuis dix ans des accords de réadmission afin de pouvoir expulser les migrants qui parviennent à franchir les frontières européennes, mettant la pression sur les pays frontaliers de l’UE, tenus de réadmettre à la fois leurs citoyens mais aussi tous les migrants ayant rejoint l’Europe en passant par leur territoire.
D’ailleurs, l’UE accorde un intérêt particulier à sa coopération avec la Libye, important pays de transit des migrants. Une mission «EUBAM Libya» désignée comme civile a été lancée en 2013 dans ce pays. Cependant, cette mission est rattachée à la politique de sécurité et de défense européenne, et fournit aux autorités libyennes formation, conseil et supervision pour la gestion des frontières, selon une source européenne.
Mais, la Libye s’est opposée à l’ouverture sur son sol de camps de migrants souhaitant rallier l’Europe, que proposait les dirigeants européens pour limiter les arrivées via la Méditerranée.
«Un tel projet signifierait que l’UE refuse d’assumer ses responsabilités et les fassent peser sur nos épaules», a déclaré récemment à Vienne le chef de la diplomatie libyenne, Taher Siala, lors d’une réunion de l’organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
12/10/2016
Source : APS