François Hollande évoque dans un livre "un problème avec l'islam" en France, où le président juge qu'"il y a trop d'arrivées" de migrants, des propos susceptibles de raviver un débat politique français obnubilé par l'immigration.
Dans "Un président ne devrait pas dire ça...", écrit par deux journalistes, le président parle aussi des femmes musulmanes voilées, appelées à devenir selon lui "les Marianne de demain".
A la question de savoir s'il y a "trop d'immigration" en France, posée par les auteurs le 23 juillet 2014, le président aurait répondu : "Je pense qu'il y a trop d'arrivées, d'immigration qui ne devrait pas être là."
"Qu'il y ait un problème avec l'islam, c'est vrai. Nul n'en doute", aurait aussi déclaré François Hollande.
"Il y a un problème avec l'islam, parce que l'islam demande des lieux, des reconnaissances", aurait-il ajouté.
"Ce n'est pas l'islam qui pose un problème dans le sens où ce serait une religion qui serait dangereuse en elle-même, mais parce qu'elle veut s'affirmer comme une religion dans la République. Après, ce qui peut poser un problème, c'est si les musulmans ne dénoncent pas les actes de radicalisation, si les imams se comportent de manière antirépublicaine..."
Interrogé à ce sujet lors du compte rendu du conseil des ministres mercredi, le porte-parole du gouvernement a expliqué que la politique française en matière d'immigration était dictée par la "fermeté".
"La France, et les gouvernements de gauche, depuis 30 ans, sont extrêmement vigilants et à respecter le droit d'asile - dans un contexte extrêmement difficile - et en même temps à considérer qu'il faut maîtriser l'immigration", a dit Stéphane Le Foll.
Au printemps 2015, les auteurs disent avoir évoqué avec François Hollande la question du voile des musulmanes.
"On n'a jamais interdit aux prêtres catholiques de porter une soutane dans la rue, pourquoi interdire à une femme d'être voilée ?", aurait répondu François Hollande.
A un autre moment, le chef de l'Etat aurait dit espérer que la République aiderait les femmes voilées à préférer "la liberté à l'asservissement".
"La femme voilée d'aujourd'hui sera la Marianne de demain", aurait-il dit.
"Parce que d'une certaine façon, si on arrive à lui offrir les conditions pour son épanouissement, elle se libérera de son voile et deviendra une Française, tout en étant religieuse si elle veut l'être, capable de porter un idéal. Finalement, quel est le pari que l'on fait ? C'est que cette femme préférera la liberté à l'asservissement", aurait-il ajouté. "Que le voile peut être pour elle une protection, mais que demain elle n'en aura pas besoin pour être rassurée sur sa présence dans la société."
Interrogé sur le contenu de ce livre de plus de 600 pages, qui a selon ses auteurs été écrit après 61 rencontres avec le président, l'Elysée a précisé que "bien entendu ces propos sont à replacer dans leurs contextes à chaque fois".
12/10/2016, (Elizabeth Pineau et Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)
Source : Reuters