Donc, à la suite du référendum sur le Brexit, le gouvernement britannique veut mettre fin à la libre circulation des personnes au sein de l’Europe, qui est un des principes fondamentaux de la communauté européenne. Les nouveaux ministres qui viennent d’être nommés vont vivre des moments difficiles pour mettre en place leur nouvelle politique.
Déjà, les rêves qui ont animé les pires xénophobes et racistes qui ont soutenu le vote pour le Brexit pour expulser du Royaume-Uni les maçons polonais, les agents hospitaliers italiens et espagnols, les médecins allemands, les cueilleurs de fruits lituaniens (pour n’en citer que quelqu’uns) se sont dissipés – rien que moins par l’un des chefs de file les plus virulents du Brexit.
Plongés dans ce brouillard d’incertitude, les trois millions d’Européens qui vivent et travaillent déjà au Royaume-Uni viennent de s’entendre dire qu’ils pourraient rester : « c’est un droit légal, si vous êtes installés depuis cinq ans, vous avez la possibilité de rester » a déclaré David Davis, le ministre londonien en charge du Brexit.
Il a ajouté, lors d’une séance de questions-réponses organisée par le Parti conservateur : « en fait, si quelqu’un dans cette salle comptabilise deux ans et demi de présence au moment où nous quitterons l’Europe, il aura donc passé cinq ans ici et il ne court donc aucun risque ».
Ce qui veut dire que juste trois mois après le vote, l’un des arguments majeurs derrière le référendum anti-Europe démontre qu’il s’agit d’ une chimère.
Bien que très clairement sur l’Europe, le vote en fait révèle un mécontentement généralisé en Angleterre avec la question de l’immigration en arrière-plan. Incontrôlée ou illégale, elle peut être en effet un sujet de préoccupation mais en réalité, elle a peu à voir avec l’Europe.
Le gouvernement britannique possède peu de données fiables sur le nombre d’immigrés illégaux dans le Royaume-Uni à ce jour. Selon le groupe de campagne des partis de droite, Migration Watch il y aurait 1.1 million d’immigrés illégaux. D’autres chercheurs ont sorti des chiffres moins élevés mais la plupart s’accordent sur un total de près de 700 000.
Par définition, aucun d’entre eux n’est européen habilité à rentrer sur le sol britannique. Alors qui sont ces illégaux et comment sont-ils rentrés dans le pays ?
La plupart d’entre eux sont des personnes qui sont arrivées avec des visas de courte durée ; d’autres sont des étudiants qui sont restés après leurs études ; d’autres encore sont entrés illégalement dans des camions notamment ; et pour finir, les demandeurs d’asile.
Pour un grand nombre de demandeurs d’asile, leurs chances de rester dans le Royaume-Uni et de disparaître dans la nature sont grandes. Seul un petit nombre de ces personnes qui arrivent dans les aéroports sont gardées en détention par les autorités durant l’étude de leur cas. Les centres de détention du Home office ne contiennent que 3500 places et ils sont pleins.
En ce qui concerne ces personnes dont le visa a expiré, les pays d’origine de ces gens mentionnés dans le rapport sont, comme on peut l’imaginer, principalement issues des pays du sous-continent indien mais aussi du Brésil et de certains pays d’Afrique.
Des visas continueront à être émis à des personnes qui veulent se rendre sur les îles britanniques. Le pays, avec sa population diversifiée, continuera à être une destination populaire pour tous ceux qui veulent rendre visite à leurs familles.
De même, le pays va continuer à attirer des étudiants étrangers, sans parler des touristes qui jouent un rôle vital pour l’économie.
Déjà, le gouvernement pré- Brexit de David Cameron avait tenté de restreindre les conditions d’immigration en adoptant une nouvelle législation. (Immigration Act en 2016) mais les effets attendus seront assez marginaux.
L’avocat Asad Ali Khan, un spécialiste de la question migratoire dit : « des hommes politiques fourbes ont utilisé la panique liée à la question de l’immigration comme une arme bien pratique pour éveiller les préjugés des gens et orienter le vote en faveur du Brexit. Le fait de voter « pour » apparaît comme un acte inutile car le flux des étrangers rentrant au Royaume-Uni ne va pas diminuer ».
12 OCT. 2016, JACK78
Source : mediapart.fr