Les filières multiplient les traversées vers l’Angleterre en attendant l’évacuation du camp de migrants, alors que le renforcement des contrôles a décuplé les prix.
L’homme en jean et débardeur jaune planté au milieu de la pièce n’en démord pas. « Pasha, c’est pas moi. » « Ah oui ? Et comment ils t’appellent au camp, alors ? », insiste le policier derrière son ordinateur. « Touana. Pasha, c’est pas moi. T’as aucune preuve de toute façon, Pasha, c’est pas moi », répète l’homme en garde-à-vue.
Il fait chaud dans le bureau. Un poste de radio diffuse son quota de chansons françaises. Il ne sortira rien de ce face-à-face. Le traducteur kurde et l’avocat commis d’office en conviennent. Rares sont les passeurs qui coopèrent.
« C’est ton surnom, Karzan ? » « Karzan, c’est pas moi. » La même scène semble se dérouler dans un autre bureau, deux portes plus loin. « Ah oui, et les deux téléphones qu’on retrouve dans ta cabane ? On les a écoutés… Qui les a utilisés, alors ? », demande le policier. « C’est pas moi. Des copains irakiens l’ont peut-être utilisé. J’étais pas passeur, j’essayais aussi d’aller en Angleterre. »
Pas de radio dans ce bureau, mais des poissons dans un aquarium, des affiches de cinéma, un frigo rempli de Kit-Kat… Et toujours un policier qui s’efforce d’obtenir l’identité de l’homme à fine moustache assis devant lui…Suite