La préfecture de l'Hérault a confirmé mercredi son intention de déposer un référé-suspension devant le tribunal administratif de Montpellier après le vote mardi soir d'un référendum anti-migrants par la municipalité d'extrême droite à Béziers.
Portée par Robert Ménard, le maire de Béziers élu avec le soutien du Front national, la délibération portant sur l'organisation d'une consultation populaire sur l'accueil de migrants a été adoptée à l'unanimité des élus de la majorité mardi soir par le conseil municipal.
Avant même cette séance, le sous-préfet de l'Hérault, Christian Pouget, avait dans un courrier "invité" Robert Ménard à "retirer de l'ordre du jour cette délibération" en rappelant que le conseil municipal "ne peut empiéter sur les compétences de l'Etat, ce qui est le cas en l'espèce".
"Si cette délibération venait à être adoptée, je serais conduit à en demander la censure par le juge administratif par la voie d'un référé-suspension", avait prévenu le sous-préfet.
Le vote a eu lieu après que des manifestants rassemblés devant la mairie à l'appel de SOS Racisme ou encore de La Ligue des droits de l'homme ont fait irruption dans la salle du conseil municipal et scandé devant les élus "fachos, fachos" ou encore "solidarité avec les réfugiés".
"J'irai jusqu'au bout des choses. Je m'expliquerai devant le tribunal administratif personnellement s'il le faut pour demander comment on peut refuser à un maire d'interroger pour leur demander leur avis, ses concitoyens. Cela me paraît, invraisemblable, incompréhensible", a dit mardi Robert Ménard.
C'est à la question "Approuvez-vous l'installation de nouveaux migrants, imposée par l'État, sans consultation du conseil municipal ?" que les Bittérois seront invités à répondre lors de ce référendum, programmé en janvier en réaction au projet d'extension du centre d'accueil pour les demandeurs d'asile de Béziers.
Le 13 octobre le parquet de Béziers avait annoncé l'ouverture d'une enquête à la suite d'une campagne d'affichage menée par la mairie de Béziers et intitulée "L'Etat nous les impose, ça y est ils arrivent. Les migrants dans notre centre-ville".
Saisi par la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme, le parquet a chargé le SRPJ de Montpellier de déterminer si les faits sont "susceptibles d'être constitutifs de l'infraction de provocation à la discrimination ou à la haine raciale".
Dernièrement, le maire d'Allex, dans la Drôme, avait renoncé à un référendum similaire portant sur l'accueil de migrants venus de Calais dans sa commune suite à la décision du tribunal administratif de Grenoble, saisi par le préfet du département, qui avait invalidé le scrutin.
19/10/2016 (Johanna Decorse, édité par Yves Clarisse)
Source : Reuters