vendredi 22 novembre 2024 04:46

Le Liban « carrefour de la migration » entre le Moyen-Orient et « les Europe »

Ce sont des réponses bien contrastées que les organisateurs d'un symposium sur le phénomène migratoire Sud-Nord ont obtenues, au cours de leurs trois jours de travaux (24-26 novembre) au Liban. Organisé par NetOne, un réseau de la communauté chrétienne des Focolari, le symposium a réuni d'éminentes figures libanaises, comme les anciens ministres Tarek Mitri, Ibrahim Chamseddine et Damien Kattar, l'évêque maronite Semaan Atallah, ainsi que des journalistes venus de plusieurs pays d'Europe et du Liban.

Le symposium, qui s'est tenu au centre des Focolari (Aïn Aar), s'est interrogé sur les raisons, les motivations et les perspectives de fuite et de migration telles qu'elles sont vues au Proche et Moyen-Orient d'une part, ainsi que sur l'accueil différencié réservé à ces attentes, côté Europe.
Du mouvement mondial des Focolari, ont participé Pal Toth, responsable international de NetOne, le réseau des Focolari, Roland Poupon, Andrea Fleming, de la radio bavaroise (Allemagne), Michele Zanzucchi, journaliste et écrivain, directeur de Città Nuova (Italie), Stefania Tanesini (responsable de la communication à Loppiano, Italie) et Rima Saïkali, directrice d'al-Madina al-Jadida, Liban. L'Orient-

Le Jour y était présent à travers Fady Noun et Jeanine Jalkh.

Les débats ont été accompagnés de visites à un centre d'accueil de réfugiés à Dekouané, sous la supervision du Haut-Commissariat aux réfugiés de l'Onu (UNHCR), au centre éducatif chiite « Association pour la charité et la culture » d'Ibrahim Chamseddine, à une mosquée, de rencontres avec la communauté Focolare et le cheikh Mohammad Nokkari.

La réflexion qui a conduit au symposium part d'un constat : les migrations au départ des pays du Sud de la Méditerranée et du Moyen-Orient ont envahi l'Europe. Les médias du monde entier et d'Europe en particulier, après avoir raconté ces arrivées pendant des années sans y accorder trop d'importance, ont dû s'en occuper de manière systématique au cours de ces deux dernières années, parce que ce phénomène, d'un côté, touche désormais toutes les populations européennes, et de l'autre parce qu'une réaction identitaire, au nom de la redécouverte des « vraies racines de l'Europe », cherche désormais à se protéger de ces flux considérés comme culturellement « incompatibles ». On note à cet égard l'augmentation de la xénophobie et dans certains cas d'une hostilité ouverte à l'idée d'une Europe une et unie.

Plus grande écoute

Les médias qui couvrent ces phénomènes ont travaillé en tenant compte des incertitudes des institutions européennes, qui ont porté différents États à agir sans se concerter, en élevant des murs, en décidant chacun de son côté du nombre de réfugiés qu'il désirait accueillir et en fermant ses frontières. Pour certains, le projet Schengen est désormais au bord de la faillite.

Journalistes et experts en communication de différentes régions d'Europe (Italie, Hongrie, Allemagne, Slovénie, Autriche), proches de la réflexion chrétienne des Focolari, se sont interrogés sur ces développements et ont essayé d'ouvrir une voie originale d'interprétation et de narration du phénomène. Pour cela, ils se sont rencontrés en symposiums professionnels dans des points chauds comme Budapest (Hongrie), Athènes (Grèce), Man (Côte d'Ivoire) et Varsovie (Pologne). À cette liste, il faut désormais ajouter Beyrouth.

Le but de ces rencontres est de mettre en rapport de collaboration effective des journalistes, d'autres opérateurs des médias, des experts en communication, des hommes politiques, des administrateurs et des représentants d'ONG, des universitaires et des opérateurs dans le domaine social pour mieux comprendre toutes les implications de cet immense phénomène, en interpréter les différents éléments et offrir des instruments de narration et de communication qui soient adaptés.
L'expérience qui a été faite jusqu'à présent a conduit surtout à un style de plus grande écoute, dans le but de comprendre les complexes dessous historiques, culturels, économiques et politiques sous-jacents aux migrations. Et l'un des grands avantages du symposium de Beyrouth a été de dégager l'importance du flux migratoire de notre temps (65 millions de migrants à travers le monde) et la place unique du Liban comme « carrefour de la migration » entre le Moyen-Orient et l'Europe, avec toutes les ambiguïtés que revêt ce titre non convoité que le Liban assume à son corps défendant.

Ce carrefour, on le franchit grâce aux réseaux officiels de l'Onu et des ambassades étrangères, comme aussi grâce aux circuits clandestins. Le plus grand tour-opérateur des temps modernes, ce ne sont pas les agences de voyages homologuées, mais les passeurs clandestins, a-t-on avancé au cours du colloque. Sans pour autant négliger les efforts de « la communauté internationale » pour « intégrer » les réfugiés dans les pays d'accueil, et écarter le spectre d'un accueil de personnes « culturellement incompatibles ». Une réflexion originale, approfondie, loin de sentiers battus et du « prêt-à-penser ».

28/11/2016, F.N. (avec agences)

Source : lorientlejour.com

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