Plus de 400 universités américaines ont lancé un appel pressant au président élu Donald Trump pour qu'il abandonne son projet de mettre fin à un programme permettant à des centaines de milliers de jeunes sans-papiers d'étudier et d'éviter, pour un temps, l'expulsion.
"Il s'agit à la fois d'un impératif moral et d'une nécessité nationale. L'Amérique a besoin de talents et ces étudiants, qui ont été élevés et éduqués aux Etats-Unis, font déjà partie de notre pays", est-il écrit dans une déclaration commune souscrite par de nombreuses universités prestigieuses dont Columbia, Harvard, Yale, UCLA, Berkeley et Stanford.
Des milliers d'étudiants ont manifesté à travers les Etats-Unis après la victoire surprise de Donald Trump le 8 novembre, appelant les responsables de leurs universités à transformer leurs campus en "sanctuaires" où les sans-papiers pourraient continuer à étudier en sécurité.
On les surnomme "les rêveurs". Ils sont quelque 1,2 million de jeunes arrivés clandestinement aux Etats-Unis quand ils étaient encore enfants. Ils ont pu légalement aller à l'école malgré leur statut, au collège puis au lycée, et parlent souvent mieux anglais que la langue de leurs parents.
Environ 740.000 d'entre eux ont rejoint le programme "Daca" ("Deferred Action for Childhood Arrivals"), approuvé en 2012 par le président démocrate Barack Obama et que Donald Trump a promis en campagne d'éliminer "immédiatement" s'il était élu.
S'il ne leur permet pas d'obtenir des aides fédérales ni la très convoitée carte verte, celle de résident permanent, ce programme les autorise à étudier à l'université, à trouver un emploi et à avoir un permis de conduire, à condition d'être entrés dans le pays avant leur 16 ans et d'avoir eu moins de 31 ans en 2012. Surtout, ils ne peuvent pas être expulsés pendant la durée de ce programme, renouvelable tous les deux ans.
Pendant sa campagne électorale, où la lutte contre l'immigration clandestine a occupé une place de choix, le républicain Donald Trump avait qualifié le DACA d'"amnistie illégale". Mais il n'a jamais précisé s'il comptait y mettre un terme en n'acceptant plus de nouveaux candidats ou en annulant tout simplement le programme.
Barack Obama a demandé à Donald Trump d'"y réfléchir à deux fois" avant de mettre fin à ce programme qui touche des jeunes "qui sont, à toutes fins pratiques, Américains".
"Ce serait vraiment un gaspillage de talent de ne pas poursuivre et élargir le programme Daca", dit à l'AFP le président de l'université de Pomona, David Oxtoby, qui a lancé l'initiative de la déclaration commune. "Ces étudiants sont Américains dans pratiquement tous les sens du terme, sauf par leur lieu de naissance", renchérit-il.
Ils "représentent le meilleur de l'Amérique", affirme la déclaration conjointe.
Pour Wendy Feliz, de l'ONG d'aide aux migrants American Immigration Council, "ça ne fait aucun sens" de l'interrompre alors que le pays a déjà autant investi dans l'éducation de ces étudiants.
Certaines universités se préparent déjà au pire.
La présidente de Harvard, Drew Faust, a notamment annoncé cette semaine qu'elle allait faire venir des experts sur le campus pour qu'ils puissent conseiller ses 40 étudiants sans-papiers, selon le journal de l'université, le Harvard Crimson.
Et le doyen de l'université de Columbia, John Coatsworth, a adressé un message ferme à tous les étudiants: "Nous ne permettrons pas à des agents des services d'immigration d'entrer sur nos campus sans une décision de justice et nous ne partagerons pas non plus d'information sur le statut d'étudiants sans-papiers avec eux, sauf si cela est exigé par une assignation ou sur ordre de la justice."
1 déc 2016
Source : AFP