vendredi 22 novembre 2024 04:55

Merkel ferme sur l'immigration à l'approche des législatives

La chancelière allemande Angela Merkel a lancé mardi la bataille pour les législatives en adoptant un ton ferme sur l'immigration pour faire barrage à la droite populiste, et tourné définitivement la page de sa généreuse politique d'accueil des réfugiés.

Devant un millier de délégués de son parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU) réunis en congrès à Essen (ouest), la dirigeante de 62 ans a assuré qu '"une situation comme celle de l'été 2015 ne peut et ne doit pas se répéter".

"C'était et c'est notre et mon objectif politique", a-t-elle insisté plus d'un an après sa spectaculaire décision d'ouvrir les portes de son pays à près de 900.000 demandeurs d'asile fuyant notamment la guerre en Syrie.

Cet afflux inédit a profondément bouleversé la société, partagée entre générosité et inquiétudes à l'égard de l'afflux de réfugiés. La chancelière avait vu sa cote de popularité dégringoler et les critiques virulentes dans son propre camp se multiplier. Elle a toutefois depuis regagné une partie du soutien populaire.
Durant un discours de 75 minutes, Angela Merkel s'est montrée ferme sur la défense des valeurs de l'Allemagne et de l'Europe, affirmant vouloir interdire le voile intégral, un phénomène toutefois marginal en Allemagne, "là où c'est juridiquement possible".

Son ministre de l'Intérieur, Thomas de Maizière, avait déjà présenté un projet en ce sens en août pour interdire les tenues islamiques camouflant le visage dans l'administration, les écoles, les universités ou devant les tribunaux.

Elle a aussi insisté sur le fait que "le droit allemand prévaut sur la charia" (la loi coranique).

La CDU devrait également se prononcer durant ce congrès sur un tours de vis en matière d'expulsions des demandeurs d'asile déboutés avec notamment un allongement de la durée de séjour en centre de rétention.
Angela Merkel doit être réélue dans la journée pour la 9e fois présidente de la CDU, un parti qu'elle dirige depuis 16 ans. Les médias allemands jugent qu'un résultat en dessous de 90% témoignerait d'une réelle grogne de la base alors qu'elle a annoncé fin novembre briguer un quatrième mandat de chancelière après les élections prévues pour probablement septembre.

Après onze ans de pouvoir, la chancelière bat des records de longévité parmi les dirigeants des pays occidentaux.
Longuement ovationnée par ses pairs, elle s'est présentée en rempart devant la montée du populisme, à l'instar des succès de Donald Trump et du Brexit, et a mis en garde contre "les solutions simples" proposées par les droites populistes et extrêmes.

"Le monde n'est pas noir et blanc", a souligné la chancelière sans évoquer directement l'ascension rapide et inédite de la droite populiste Alternative pour Allemagne (AfD) créditée de 12 à 13% des intentions de vote. "Nous devons rester sceptiques à l'égard des réponses simples" car elles ont "rarement fait avancer notre pays", selon elle.

L'AfD prospère sur les inquiétudes d'une frange de la population, en particulier en ex-RDA, qui se sent déclassée socialement et rejette les élites. Ce parti a en particulier adopté un discours anti-islam et anti-migrants virulent.

Mme Merkel a dans ce contexte prévenu une nouvelle fois que la campagne qui s'annonce serait la plus difficile depuis la réunification en 1990. "Ce ne sera pas une partie de plaisir!", a-t-elle souligné relevant "la forte polarisation de notre société".

Elle s'est fixée ainsi pour objectif "d'intégrer" au moins une partie de l'électorat de la droite populiste et a pointé du doigt le danger que représenterait une victoire d'une électorale d'une alliance regroupant sociaux-démocrates, Verts et la gauche radicale die Linke.

Après un plongeon dans les sondages en fin d'année dernière et au début 2016 lié à la crise des réfugiés, la CDU a redressé la barre. Depuis l'annonce de la candidature de Mme Merkel, le parti est remonté dans les intentions de vote, un sondage lui donnant 37%, contre 22% aux sociaux-démocrates.

Néanmoins, dans les rangs de son propre parti, elle a continue d'essuyer des critiques, en particulier de ceux n'ayant pas digéré l'accueil des réfugiés en 2015: "Madame la chancelière, démissionnez!", lui a lancé un militant la semaine dernière à Karlsruhe.

06/12/2016

Source : AFP

 

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