Les chrétiens-démocrates (CDU) d'Angela Merkel, réunis en congrès à Essen, ont durci le ton mercredi sur l'intégration des migrants, en débattant d'une résolution relative aux mariages forcés et les crimes d'honneur, sous le mot d'ordre "Nos valeurs. Notre avenir".
La veille, la chancelière allemande avait préconisé l'interdiction du voile intégral "partout où cela est légalement possible".
"Les mariages forcés et les crimes d'honneur doivent être empêchés, et la justice doit s'en saisir dans toute sa rigueur", lit-on dans la résolution soumise aux débats des délégués à Essen.
Dans la perspective des élections législatives de septembre 2017, la CDU cherche à se réconcilier avec son alliée bavaroise, l'Union chrétienne-sociale (CSU), qui prône une ligne plus dure sur l'immigration, et à éviter que ses électeurs ne lui préfèrent l'AfD (Alternative pour l'Allemagne, extrême droite).
Angela Merkel a été réélue mardi à la présidence de la CDU avec 89,5% des voix des délégués présents, contre 96,7% en 2014, ce qui conduit mercredi le journal Bild à parler de la "petite victoire de Merkel". Son plus bas score en tant que présidente de son parti remonte à 2004, quand elle avait obtenu 88,4%.
Un sondage de l'institut Emnid, publié dimanche, montrait que la CDU et la CSU étaient crédités de 37% d'intentions de vote, soit leur plus haut niveau depuis dix mois. C'est aussi 15 points de plus que le centre-gauche du Parti social-démocrate (SPD).
Jens Spahn, vice-ministre des Finances et figure de la CDU, a déclaré à la radio Deutschlandfunk que certains migrants arrivés en Allemagne étaient des jeunes gens "très inhibés par la morale sexuelle", ayant "une conception curieuse des femmes".
Ses propos sont révélateurs de l'inquiétude de la population concernant l'intégration des migrants. Cette semaine, la police allemande a interpellé un réfugié irakien pour viol présumé. Quelques jours plus tôt, un Afghan avait été arrêté en lien avec une affaire de viol et de meurtre.
Ces deux affaires pourraient bien favoriser le sentiment anti-immigration en Allemagne, qui a déjà fait monter la cote de popularité du jeune parti AfD, fondé en 2013, tandis que la popularité d'Angela Merkel baissait.
Signe que la "Willkommenskultur" (culture de l'accueil) d'Angela Merkel n'est plus autant de mise que l'an dernier, Spahn a demandé à ce que les barrières juridiques soient levées pour faciliter l'expulsion de migrants qui ne remplissent pas les conditions pour rester en Allemagne.
07/12/2016, (Paul Carrel; Eric Faye pour le service français)
Source : Reuters