« En Algérie, la petite phrase contre les migrants qui choque », titre ce mercredi le quotidien français « Le Monde » dans un article consacré aux propos scabreux à l'endroit des migrants subsahariens de Farouk Ksentini, avocat algérien et président de la très officielle "Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme".
Les propos de Ksentini stigmatisant les migrants subsahariens ont provoqué l’indignation sur les réseaux sociaux, souligne le journal, en rappelant que ce présumé défenseur officiel des droits de l’homme en Algérie a expliqué dans une interview au quotidien arabophone Essawt El Akher, que "la présence des migrants et des réfugiés africains dans plusieurs localités du pays peut causer des problèmes aux Algériens", en affirmant que cette présence expose les Algériens "au risque de la propagation du sida ainsi que d’autres maladies sexuellement transmissibles".
Le journal français a également indiqué que l’avocat a "encouragé les autorités à expulser les migrants africains, pour arrêter cette catastrophe qui nous est imposée ».
"Les propos de M. Ksentini ont d’autant plus choqué qu’ils interviennent dans un contexte de vives tensions vis-à-vis des migrants subsahariens vivant en Algérie", note le journal, rappelant les affrontements qui ont éclaté, fin novembre dernier dans le quartier de Dely-Brahim, en périphérie d’Alger, entre riverains et étrangers et les rafles menées les 1er et 2 décembre, où plusieurs centaines de migrants (1.400 personnes – hommes, femmes et enfants) ont, selon la Ligue algérienne des droits de l’homme), été envoyés par bus à Tamanrasset, à l’extrême sud, d’où certains ont commencé à être expulsés, mercredi 7 décembre.
Mardi, la presse internationale se faisait déjà l’écho de ces arrestations massives de migrants en Algérie. "C’est une chasse à l’homme noir", a indiqué la chaîne internationale "France 24". "Selon nos Observateurs, ces arrestations musclées n’ont pas épargné les étrangers en situation régulière sur le sol algérien et n’ont été suivies d’aucune explication de la part des autorités", a-t-elle affirmé, soulignant avoir "tenté, sans succès, de joindre les autorités compétentes, afin de connaître le motif de ces expulsions et mieux comprendre ce qu’il se passait pour ces ressortissants étrangers, après leur déplacement à Tamanrasset".
Le quotidien "Le Monde" a relevé, pour sa part, que de nombreux observateurs ont, en tout cas, fait remarquer que ces rafles "avaient eu lieu à la veille de l’ouverture du premier Forum africain d’investissements et d’affaires d’Alger, censé resserrer les liens avec les États d’Afrique subsaharienne".
07/12/2016
Source : AFP