L’année se termine en beauté pour les migrants irréguliers au Maroc. Une deuxième phase de régularisation sera lancée dans les prochains jours. Un communiqué de la Commission nationale chargée de la régularisation et de l’intégration des migrants au Maroc a annoncé que cette opération lancée sur Hautes instructions Royales sera menée dans l’immédiat et se déroulera selon les mêmes conditions que la première qui avait concerné environ vingt-cinq mille personnes.
Les bénéficiaires de cette nouvelle opération dont les demandes auront reçu une suite favorable de la part des commissions siégeant dans les Bureaux des étrangers auront des cartes d’immatriculation valides pour une année.
Pour plusieurs acteurs associatifs œuvrant dans le domaine de la défense des droits des migrants, cette initiative était attendue et s’inscrit parfaitement dans l’esprit de la nouvelle politique migratoire lancée en septembre 2013 et fondée sur une approche « globale et humaniste, conformément au droit international et dans le cadre d'une coopération multilatérale rénovée ». Certains d’entre eux ont même considéré qu’il s’agit d’une opération unique dans la région.
Pourtant, cette opération force plusieurs interrogations parmi ces acteurs relatives, en premier lieu, aux personnes ciblées. Nombreux sont qui se demandent, en effet, si les personnes déboutées lors de la dernière opération auront elles aussi le droit de déposer leurs dossiers de nouveau ou si elles vont être régularisées automatiquement. En effet, l’opération exceptionnelle de régularisation de 2013 avait donné une suite favorable à seulement 83,53% des demandes reçues; les autres ayant été rejetées pour le motif d’incapacité du migrant à fournir des informations précises sur son identité et son pays d’origine.
Ensuite, ils se demandent s’il y aura plus d’assouplissement en matière de justificatifs des critères de la circulaire du 16 décembre 2013. Notamment celles afférent à l’activité professionnelle et à la résidence de plus de cinq ans au Maroc. En fait, un grand nombre de migrants sont entrés de façon clandestine et sans passeport et il est difficile pour eux de justifier leur présence continue durant 5 ans au Maroc. Cela va sans dire que la plupart d’entre eux travaillent dans l’informel ou sans contrat.
Certains se sont également demandé s’il y aura un assouplissement des critères relatifs aux demandes d’asile dont la lenteur des procédures de traitement des dossiers et les contraintes pour y répondre accroissent le désarroi des demandeurs qui sont en situation administrative irrégulière. Notamment les Syriens considérés comme des réfugiés même s’ils n’ont pas encore un tel statut eu égard à la situation dans leur pays d’origine. Un certificat de dépôt de demande d’asile leur est octroyé par l’UNHCR pour une durée de six mois renouvelables.
Enfin, nos sources se demandent s’il y aura, en parallèle, une accélération du processus d’adoption des dispositions législatives et la mise en place de certains programmes en relation avec les migrants au Maroc. Ainsi, s’interrogent-ils sur les mesures prises en faveur des migrants dans le domaine de l’éducation, de la formation professionnelle, de la culture, de l’accès à l’emploi, à la santé, au logement,... et qui ont de la peine à se concrétiser sur le terrain.
A rappeler que lors de l’opération dite exceptionnelle de régularisation de 2013, 27.332 demandes de régularisation ont été déposées, dont 17.916 ont été acceptées. Cette régularisation avait touché 116 nationalités, avec 6.600 Sénégalais, 5.250 Syriens, 2.380 Nigériens et 2.281 Ivoiriens. Parallèlement à cela, une commission nationale de recours avait été instituée sous la présidence du CNDH pour traiter le cas des personnes qui n’avaient pas reçu d’avis favorable lors de cette opération qui a officiellement pris fin le 31 décembre 2014.
14 Décembre 2016, Hassan Bentaleb
Source : Libération