Les pays de l'Union européenne seront autorisés à renvoyer vers la Grèce tous les candidats à l'asile ayant pénétré sur le sol européen via ce pays à compter de la mi-mars, selon une proposition présentée jeudi par la Commission européenne.
Il s'agit, a expliqué l'exécutif européen, de rétablir "un fonctionnement normal" du système dit de Dublin, qui détermine les règles de répartition des candidats à l'asile dans l'UE.
"Ces derniers mois la Grèce a fait des progrès significatifs pour rétablir, dans des conditions difficiles, un système d'asile fonctionnant normalement, et il faut le saluer", a justifié lors d'une conférence de presse Dimitris Avramopoulos, commissaire européen à la Migration.
Les renvois de candidats à l'asile vers la Grèce conformément aux règles de Dublin avaient été suspendus en 2011 en raison des déficiences du système de traitement constatées par deux juridictions européennes.
Désormais, ils vont pouvoir reprendre "progressivement", en tenant compte de la persistance d'une "forte pression migratoire" et de la difficulté à traiter en urgence les demandes des candidats les plus "vulnérables".
Les renvois s'appliqueront "uniquement aux candidats à l'asile arrivés en Grèce illégalement à partir du 15 mars 2017", exception faite des mineurs isolés, pas concernés "pour le moment", est-il précisé dans un communiqué.
La Commission compte parallèlement sur une accélération des "relocalisations" dans l'UE de réfugiés arrivés par la Grèce ou l'Italie, afin de soulager ces deux pays les plus durement touchés par la vague migratoire.
Sur l'objectif de 160.000 réfugiés à "relocaliser" en deux ans - entre septembre 2015 et septembre 2017 -, seuls 8.162 l'ont été à ce jour: 6.212 depuis la Grèce et 1.950 d'Italie, d'après les chiffres publiés jeudi par Bruxelles.
En novembre 2016, il y a eu "1.406 relocalisations" depuis ces deux pays, ce qui constitue "le plus gros chiffre" sur un mois, s'est néanmoins félicitée la Commission.
Mais ce record doit être au moins doublé (à 3.000 au total en rythme mensuel) d'ici avril, et au moins triplé ensuite (à 4.500), pour parvenir en septembre prochain à une répartition dans l'UE de "tous les candidats éligibles" à ce système.
Depuis le pacte migratoire UE-Turquie conclu le 18 mars 2016, les arrivées dans les îles grecques ont drastiquement baissé --à "90 en moyenne quotidienne" actuellement--, mais il y a encore à ce jour plus de 62.000 migrants et réfugiés bloqués en Grèce, d'après la Commission.
Dans le cadre de ce pacte controversé, 748 migrants ont été déjà reconduits des îles grecques vers la Turquie, dont 95 Syriens, a-t-on encore détaillé de même source.
En ce qui concerne les "réinstallations" dans l'UE de réfugiés syriens établis dans les pays voisins de la Syrie (Liban, Jordanie, Turquie), les Etats membres "ont continué d'augmenter leurs efforts". 13.887 Syriens en ont bénéficié à ce jour (sur une cible fixée à 22.504 par l'UE en juillet 2015).
Dans ce total, on compte 2.761 réfugiés syriens "réinstallés" depuis la seule Turquie, qui en héberge environ 3 millions.
08/12/2016
Source : AFP