Le flux de migrants remontant d'Afrique subsaharienne vers la Libye via le Niger a été réduit de près de 100% entre mai et novembre, a indiqué mercredi la Commission européenne en saluant la collaboration de Niamey pour ralentir le trafic sur cet axe très emprunté.
Avec le Sénégal, le Mali, le Nigeria et l'Ethiopie, le Niger est un des cinq pays africains avec lesquels la Commission a noué cette année un partenariat privilégié pour tenter de stopper les traversées périlleuses de la Méditerranée.
Et à la veille de la visite du président nigérien Mahamadou Issoufou aux chefs des institutions européennes à Bruxelles, le Niger a été présenté, lors d'un point de situation de la Commission, comme le bon élève, "la principale +success story+" de ces partenariats conclus moyennant aide financière.
"Le nombre de migrants traversant le Sahara via le Niger a enregistré son plus bas niveau en tombant à 1.500 en novembre, contre 70.000 en mai", a fait valoir l'exécutif européen dans un communiqué (soit une baisse de 98%, ndlr).
Il y a aussi eu à l'actif des autorités de Niamey, entre mi-juillet et la fin octobre, "102 passeurs renvoyés devant la justice", "95 véhicules saisis" et "9 gendarmes arrêtés", soupçonnés d'avoir été corrompus par les trafiquants.
Et avec l'assistance de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM, qui dépend des Nations unies) "4.430 migrants illégaux" ont été renvoyés dans leur pays d'origine depuis le territoire nigérien, a encore détaillé la Commission.
Depuis le pacte UE-Turquie conclu en mars, les arrivées de migrants dans l'Union via les îles grecques ont drastiquement baissé, le passage par la Méditerranée centrale via les côtes libyennes redevenant le plus emprunté.
Plus de 173.000 arrivées par cet axe ont déjà été enregistrées en 2016, dont "presque 59.000" de ressortissants du Nigeria, du Niger, d'Ethiopie, du Sénégal et du Mali, preuve qu'il faut "poursuivre et étendre" la collaboration avec ces pays, selon Bruxelles.
Pour le Nigeria par exemple, le taux de retour de ses ressortissants depuis l'UE reste "relativement faible" rapporté à leur poids dans les arrivées en situation irrégulière, explique la Commission, en pointant la difficulté d'obtenir des documents d'identité auprès des autorités de Lagos.
La chef de la diplomatie de l'UE Federica Mogherini doit présenter jeudi aux dirigeants européens réunis en sommet à Bruxelles les fruits de cette coopération.
"Il nous faut collaborer plus activement avec les pays tiers", a fait remarquer un diplomate européen. "Mais il ne suffit pas de donner de l'argent à ces pays, le sujet de la migration légale encore tabou en Europe viendra tôt ou tard", a observé un autre.
14/12/2016
Source : AFP