Des propositions franco-allemandes pour renforcer la capacité de défense de l'UE sont au menu du sommet européen. Des pactes migratoires vont être conclus avec plusieurs pays africains.
Démontrer que l'Europe va de l'avant. Le sommet européen de ce jeudi à Bruxelles, se doit de répondre à un cahier des charges à la fois simple dans son principe et complexe dans sa mise en oeuvre. Conformément à la « feuille de route » que se sont fixés les Vingt-Sept, sans le Royaume-Uni, en septembre dernier, à Bratislava, il s'agit d'apporter la preuve que l'Union européenne apporte des réponses concrètes aux problèmes qui se posent à elle.
Vu de Paris, c'est le chantier de la défense qui s'impose comme l'un des plus urgents. La sortie programmée du Royaume-Uni, principale puissance militaire du continent avec la France, et la menace d'un désengagement américain agité par le président élu, Donald Trump, poussent les Européens à prendre davantage de responsabilités dans ce domaine. Le tandem franco-allemand espère que les cinq propositions qu'il a mises sur la table et s'inspirent des orientations définies par la Commission européenne seront adoptées jeudi.
Elles visent deux objectifs : la mise en place d'un dispositif permanent de planification et de conduite d'opérations civiles et militaires, jusqu'ici bloquées par Londres, et une hausse des moyens financiers consacrés à l'armement.
Les pays européens devront consacrer 2 % de leur PIB à l'effort national de défense, tandis que de nouveaux instruments européens faciliteront les programmes de recherche militaire et que la Banque européenne d'investissement (BEI) s'ouvrira à des financements d'activités dans ce secteur. Un fonds permettra de financer des capacités communes et un mécanisme existant, Athena, qui mutualise le financement d'opérations militaires, devrait voir ses moyens accrus.
« Une blessure encore ouverte »
L'autre grand volet des débats concernera la question migratoire qui demeure, selon un officiel, « une blessure encore ouverte ». Alors que la Commission, soutenue par des Etats comme la France ou l'Allemagne, appelle à la mise en oeuvre de règles de solidarité pour soulager les territoires où arrivent les migrants, les pays du groupe de Visegrad, Hongrie en tête, ont organisé la rébellion contre tout mécanisme les obligeant à accueillir des réfugiés. La tentative de compromis esquissée ces derniers mois aurait consisté à jouer avec le concept de solidarité, en proposant par exemple au groupe de Visegrad de contribuer financièrement, ou avec du matériel, à l'aide européenne - pour autant qu'un contingent minimal de réfugiés soit accueilli.
Un diplomate de l'Est est toutefois catégorique : « Ne venez pas nous parler d'un quelconque mécanisme de répartition, ce dont nous avons besoin avant tout c'est d'une reprise en main globale de la politique migratoire, avec un contrôle total des individus qui rentrent sur le territoire européen », assène-t-il. Une logique qui implique de nouer des partenariats avec les territoires d'où partent les candidats à la migration, à l'image de ce qui s'est fait avec la Turquie.
Les conclusions provisoires du sommet s'orientaient, mercredi, dans cette direction. Outre qu'ils vont réitérer l'importance du partenariat avec la Turquie, malgré la lourde incertitude politique autour de ce pays, les Européens vont signer un accord migratoire avec le Niger après en avoir conclu un avec le Mali en début de semaine. A la clef de ces traités : une aide au développement substantielle en échange d'un engagement des pays africains à favoriser le retour des migrants depuis l'Europe.
15/12/2016, Gabriel Gresillon/Catherine Chatignoux
Source : lesechos.fr