A mots couverts ou de manière plus explicite, les mouvements populistes européens ont utilisé l'attentat de Berlin pour dénoncer la politique d'immigration de la chancelière allemande Angela Merkel après l'attentat de Berlin.
Nigel Farage, le champion du Brexit et ancien leader du parti europhobe et anti-immigration britannique Ukip, a déclaré que l'attaque au camion-bélier, qui a tué douze personnes et blessé des dizaines d'autres lundi soir, n'était "pas une surprise" et qu'elle ferait "partie de l'héritage" que laissera la dirigeante.
"Merkel est directement responsable de nombreux problèmes relatifs au terrorisme en Allemagne, il est temps de le dire", a-t-il déclaré sur la radio LBC mardi.
En France, le vice-président du Front National, Florian Philippot a estimé que la chancelière "a organisé la désorganisation parce que faire venir 1,5 million de migrants en plus d'un an, c'est irresponsable alors qu'on sait que Daech infiltre des terroristes islamistes parmi les migrants".
"C'est un principe de précaution : Quand il y a des terroristes islamistes qui s'infiltrent dans un flux massif, on a le devoir d'arrêter ce flux", selon lui.
Les autorités allemandes ont confirmé mercredi qu'un nouveau suspect, un Tunisien connu de la police pour ses liens avec le salafisme, était recherché pour son rôle présumé dans l'attaque de Berlin.
Selon le député allemand spécialiste des questions de sécurité Stephan Mayer, l'homme est arrivé "en Allemagne via l'Italie à l'occasion de la crise des réfugiés" qui a vu quelque 900.000 migrants entrer en Allemagne en 2015 et 300.000 en 2016.
Rappelant que l'un des thèmes favoris des droites radicales européennes est l'immigration, le professeur Matthew Goodwin, spécialiste de l'extrême droite au cercle de réflexion britannique Chatham House, constate que, désormais, elles "relient de plus en plus la crise migratoire au risque sécuritaire".
Une attaque comme celle de Berlin représente à cet égard "une opportunité en or" de gagner des voix, ajoute-t-il, interrogé par l'AFP.
Quelques heures seulement après l'attaque lundi, le député néerlandais Geert Wilders n'a pas fait dans la demi-mesure en accusant les leaders européens d'avoir "lâchement" ouvert les portes aux migrants.
"Merkel, (le Premier ministres néerlandais Mark) Rutte et les autres leaders européens ont lâchement autorisé le terrorisme islamiste et un tsunami de demandes d'asile avec leurs politiques de frontières ouvertes", a affirmé le leader du Parti pour la liberté (PVV), connu pour ses propos contre l'islam.
De même, pour Andrej Babis, vice-Premier ministre tchèque et figure du mouvement populiste ANO, "c'est malheureusement la politique migratoire de la chancelière allemande Angela Merkel qui est responsable de cet événement terrible à Berlin".
En Grèce, Aube dorée, parti néo-nazi et xénophobe, a affirmé que "des criminels islamistes déguisés en +réfugiés+ assassinent des citoyens".
En Allemagne, les critiques étaient également très agressives dès lundi du côté du mouvement Alternative pour l'Allemagne (AfD). La menace islamiste "a été importée de manière systématique et irresponsable au cours de l'année et demi écoulée", a dénoncé la figure de proue de l'AfD, Frauke Petry.
"Ce sont les morts de Merkel!", a clamé l'un des responsables du mouvement, Marcus Pretzell, sur Twitter.
D'autres partis européens d'extrême droite ont toutefois préféré utiliser un ton plus neutre comme le FPÖ autrichien. "Nous avons besoin d'une action concertée pour lutter contre les tendances islamistes radicales (...) ainsi que d'une protection efficace des frontières de l'Union européenne", a écrit son patron Heinz-Christian Strache sur les réseaux sociaux.
21/12/2016
Source : AFP