Né à Bruxelles, Ismael Almoravid a ses deux parents originaires de Beni Chiker, à 22 kilomètres de Nador. Il ne connait son pays d'origine que très vaguement, principalement à travers le récit de ses parents. C'est en 2006, qu'il découvrirait le Maroc profond à l'occasion d’un festival à Azrou. Un coup de coeur à l'origine d'un engagement associatif sincère.
Le Belgo-marocain Ismael Almoravid, président du collectif « Orphelins du Monde » (ODM), fait de la cause des enfants abandonnés son cheval de bataille. Cet ancien réalisateur a dédié sa vie au caritatif. Dès 2011 et bien qu’installé à Bruxelles, le MRE s’est tourné vers ses origines. Il crée donc le « Orphelins du Monde » et multiplie, dès cette date, les actions au Maroc. Enfants abandonnés, personnes démunies, mais aussi des mères célibataires sont ciblés, et ceux, plusieurs fois dans l’année. Sur ce retour annuel, l’homme au grand cœur nous raconte:
« En compagnie d’amis belgo-marocains, je me suis reconnecté avec mon pays d’origine, avec ma fibre artistique et humanitaire. J’ai découvert la population, la région. J’avais toujours eu cette fibre associative, mais c’est à travers mes rencontres, mes voyages que s’est tracé mon parcours, naturellement. J’ai rencontré les bonnes personnes, et je le fais toujours, jusqu’à présent. »
Ismael Almoravid poursuit son récit, en se rappelant avoir « fait une dizaine de villes au Maroc, du Nord au Sud, d’Est en Ouest » et d’être « par Aït Melloul, Guercif, Oujda, Salé, entre autres ». La semaine dernière encore, il était au Maroc pour une action caritative, cette fois, dans la province de Chichaoua. « Nous avons distribué une centaine de cartables dans trois douars : Azendou, Alma, et Tafarnete. Ces douars visités sont limites abandonnés mais je tenais à y aller », nous déclare-t-il. A l’origine de ce déplacement, une prise de contact assurée par l’association partenaire INSAF, qui œuvre pour les droits des femmes et des enfants et une autre ONG locale.
Un parcours tourné vers l'humain
Ismael Almoravid se remémore ses premières années dans l’humanitaire. « J’œuvrais énormément dans l’associatif à Bruxelles et je travaillais notamment pour aider les SDF, les personnes démunies et les réfugiés », nous confie-t-il. Les actions menées consistaient à aider ces personnes à se nourrir mais aussi à scolariser leurs enfants à Bruxelles, selon ses propos. Et notre interlocuteur d’enchaîner:
« Ce n’est que plusieurs années plus tard que j’ai pris conscience de la cause des orphelins au Maroc et celle des mères célibataires. »
Comment a-t-il pris conscience de ces causes ? Le MRE nous répond par citer trois dates clés. D’abord en 2010, lorsqu’il a eu l’occasion de visiter l’orphelinat ‘Dar El Fatayat’ (Maison des jeunes filles, ndlr), à Kénitra. « J’y ai rencontré plein d’orphelins. J’ai demandé comment peut-on vous aider ? Les personnes sur place avaient besoin de vêtements », relate le Belgo-marocain. De retour dans la capitale belge, le président d’ODM, rassemble plusieurs personnes autour de lui et réussi à récolter 300 vêtements lors de cette première action. « C’est de là qu’a commencé l’idée de créer une structure pour faire des actions au Maroc », nous déclare-t-il. Heureusement pour le jeune MRE, plusieurs personnes se sont intéressées à son idée, qui s’est concrétisée avec la naissance, en 2011, du collectif « Orphelins du Monde ». A présent, ils sont trois individus qui représentent le noyau dur d’ODM, avec une dizaine de sympathisants et de membres actifs.
La deuxième date décisive dans son parcours associatif coïncide avec sa rencontre Avec Aicha Ech-Chenna. « En 2012, j’ai rencontré Aicha Ech-Chenna, et cela a signé le début de notre partenariat avec l’association Solidarité féminine. Je suis allée la voir pour dix minutes qui se sont transformées en trois heures », raconte avec enthousiasme l’ancien réalisateur. Almoravid, touché par la problématique des mères célibataires au Maroc, a poussé son collectif à élargir son action à la sensibilisation sur ce sujet-là, « pour éviter que ces femmes abandonnent leurs enfants ». Une sorte de prévention en amont, compte tenue de la prise en charge dont ces mères célibataires disposent avec l’association d’Aicha Ech-Chenna.
En 2013, lors d’une visite de la crèche de l’association Tazzanine à Agadir, qui s’occupe des enfants abandonnés de l’hôpital Hassan II, le président de l’ODM rencontre les bébés nés sous X Ben X. « Des nourrissons de deux jours, abandonnés dans des poubelles, ou bien devant l’hôpital », confie-t-il avec beaucoup d’émotion. Il y avait 22 orphelins handicapés sévères ce jour-là et Ismael Almoravid avait « les larmes aux yeux ». « L’équipe qui s’occupait d’eux était submergée. Du coup, avec les moyens du bord, nous avons rénové l’endroit, installé des rideaux, repeint les murs, et égayé avec des personnages de dessins animés », conclut-il son récit.
26/12/2016, Zaïnab Aboulfaraj
Source : yabiladi.com