samedi 20 avril 2024 13:00

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A Tanger et à Bab Sebta, la pression migratoire ne cesse pas

Dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, 800 à 1.100 Subsahariens ont tenté de forcer les grillages qui entourent Sebta. En vain. Cette tentative intervient après celle du 9 décembre, lorsque plus de 430 candidats à l’émigration en Europe ont réussi à forcer cette même double clôture. Qui sont-ils? D'où viennent-ils? Pourquoi récidivent-ils?

Ils viennent de très loin, à des milliers de kilomètres d’ici. Ces personnes, ce sont principalement des hommes originaires du Mali, du Cameroun, de Côte d’Ivoire, du Sénégal, de Guinée ou encore du Nigéria qui ont convergé vers les quartiers de Tanger, les bois de Ben Younech près du port Tanger-Med, à Ksar Sghir et à Fnideq. Leur objectif est peut-être d’avoir des papiers de résidence marocains, mais plus certainement, de tenter le passage vers l’Europe.

Voulant profiter d’une éventuelle baisse de vigilance des gardes-frontières marocains et espagnols pendant le réveillon de la Saint-Sylvestre, 800 à 1.100 jeunes (selon les sources et les estimations) se sont donnés rendez-vous du côté de Ben Younech, près des grilles et des murs érigées par Madrid pour "verrouiller" Sebta.

Adam: messages codés par sms

"La tentative a démarré vers 3 heures du matin", indique Adam, un jeune Malien de 19 ans rencontré par Medias 24, sur la route de Ksar Sghir, ce lundi 2 janvier à la mi-journée. "Nous avons échangé par SMS et le message était que nous allions célébrer le réveillon. Mais cela était un prétexte, un message codé".

Une vidéo montre les jeunes Subsahariens et les agents espagnols se faisant face, les tentatives d’escalade des grillages hauts de 6 mètres et les patrouilles d’hélicoptère à l’aube du Nouvel An.

Adam se trouve au Maroc depuis deux ans. Il raconte son périple sur les routes: de son voyage de Bamako vers la côte mauritanienne par autobus puis le vol entre Nouakchott et Casablanca avant de remonter à Tanger.

Adam a quitté son Mali natal à l’âge de … 17 ans. Ces seules informations sur son âge et les risques pris pour tenter une meilleure vie ailleurs, renseignent sur la détermination des jeunes Subsahariens –comme des jeunes Marocains, hier et encore un peu aujourd’hui- à partir, à quitter une Afrique qui n’arrive toujours pas à nourrir convenablement tous ses enfants.

Le Mali où Adam a grandi, est aujourd'hui peuplé de 15 millions de personnes et peine à sortir d’une guerre civile qui se poursuit toujours sporadiquement aux frontières algériennes. Le pays est coincé entre la Côte d’Ivoire, le Sénégal, la Guinée, la Mauritanie et le Niger notamment, des pays d’émigration importants.

Le dossier de régularisation déposé et les yeux toujours tournés vers l'Europe

Sur la route de Ksar Sghir, Adam n’est pas seul. Il est accompagné de Daouda âgé de … 18 ans. Lui aussi, est au Maroc depuis deux ans. Et depuis ces deux ans, Adam et Daouda ont tenté de passer vers l’Espagne. En vain.

Pour boire, manger et cotiser dans une colocation en attendant le départ, ils ont travaillé dans le bâtiment ou encore sur les marchés. "Au Mali, il n’y a rien, affirme Adam. Il n’y a rien et le chômage. En Europe, j’ai beaucoup d’amis qui ont réussi à passer".

Lorsque mon chemin croise Adam et Daouda, ils reviennent de Ben Younech. Ils ont participé à la tentative de passage de ce 1er janvier à 3 heures du matin. Mais non découragés pour autant, ils ont dès le lendemain, dans la nuit du dimanche 1er au lundi 2 janvier, tenté de mettre à exécution un plan de traversée en canot pneumatique, préparé de longue date avec neuf autres jeunes dont deux femmes dans la même situation.

Mais, "par manque de chance", soupire Adam, des agents des forces auxiliaires les ont repérés et leur matériel a été saisi. "Un canot pneumatique et des rames coûtent l’équivalent de 2000 DH", précise Adam.

Adam et Daouda sont comme ces centaines de jeunes Subsahariens qui attendent leur moment à Tanger, du côté du cap Malabata ou au quartier Mesnana, ainsi qu’à la périphérie de Fnideq et aux abords du périmètre de Tanger-Med. Même s’ils ont déposé un dossier de régularisation le 15 décembre dernier à Tanger ou à Tétouan, ils n’en rêvent pas moins d’Europe.

Après la tentative de forcer le passage à Bab Sebta ce 1er janvier dans la nuit, le ministère de l’Intérieur marocain a réagi en rappelant la campagne de régularisation en cours. Il a appelé les ressortissants d’Afrique subsaharienne à ne plus tenter de forcer les grilles de Bab Sebta par la force.

Aucun jeune n’a pu passer ce 1er janvier vers Sebta. Mais ceux qui ont été arrêtés, accrochés aux grilles "en flagrant délit de tentative de passage forcée, vont être présentés à la justice pour l’exemple", indique un agent de l’autorité à Medias 24. Ils sont un peu moins de 30 dans ce cas-là. Ils passeront devant un juge de Tétouan. Les autres sont retournés d’où ils étaient venus quelques heures plus tôt.

Durant ce week-end de fin d’année également, une Marocaine qui tentait de faire passer un jeune Gabonais sans papier, enfermé dans une valise vers Sebta, a été arrêtée par la police espagnole et écrouée. Idem pour un Marocain qui transportait deux Subsahariens dans le coffre de sa voiture. Misère, émigration, espoirs, désespoirs.

3/1/2017, Jamal Amar

Source : medias24.com

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